La reprise en mains d’une propriété historique
La propriété a plusieurs siècles d’existence, mais son histoire récente débute en 1999, lorsque Jean-Louis Laborde rachète la propriété à la compagnie d’assurance GAN. Très rapidement, Ronan, son fils va prendre les rênes. Nous sommes en 2003, la modernisation du travail et des moyens techniques peut commencer.
Premier gros chantier, la vigne, plus exactement le travail des sols. Si auparavant l’enherbement n’était pas pleinement maîtrisé, c’était avant tout faute de moyens humains. Une équipe est donc recrutée, dédiée au travail des sols. Des résultats visibles lorsqu’on arpente les vignes, au cœur du plateau pomerolais. En parallèle, un programme de replantation est mis en place, par vagues successives depuis 2001. S’il affecte mathématiquement l’âge moyen du vignoble, les jeunes vignes sont systématiquement exclues du grand vin, l’assemblage de celui-ci ne se faisant qu’à partir d’un vignoble âgé d’une quarantaine d’années. On voit même, à l’occasion, un cheval travailler les sols, chose devenue rare à Bordeaux.
Pour prolonger ces changements à la vigne, il fallait également adapter l’outil de vinification. Un nouveau chai est construit, semi-enterré, dès 2004. 17 cuves inox remplacent désormais les 11 foudres en bois, l’outil est parfait en termes d’hygiène de vinification et de thermorégulation.
Ronan Laborde, propriétaire
Léonardo Izzo, jeune technicien transalpin, applique une conduite du vignoble en lutte raisonnée, les vendanges se font en petites cagettes de 10 à 12 kilos, les équipes de vendangeurs permettant de vendanger une parcelle en plusieurs fois si nécessaire. Les macérations débutent à froid, après une nuit à 4°C, les extractions sont assez douces, accompagnées principalement de pigeages. Un pressoir performant permet de séparer les jus en plusieurs niveaux de qualité. Les malos se déroulent pour partie en cuve, pour partie en fût, mais toute la vendange est entonnée, au plus tard à l’issue des malos, donc. Les élevages durent entre 16 et 18 mois, avec des soutirages si cela est requis. C’est là un gros changement, car dans les années 1990 le vin séjournait en barrique de 24 à 30 mois, et même encore 22 mois pour le millésime 2000, qui à la dégustation apparaît aujourd’hui encore trop structuré par son imposant élevage. Le système oxoline, qui permet d’incliner les barriques, bonde sur le côté, réduit l’évaporation du vin, et par conséquent les ouillages et les apports de soufre.
Aujourd’hui, Clinet c’est un vignoble de 11,27 hectares, la propriété historique de 8,64 hectares s’est légèrement agrandie, avec trois secteurs principaux, autour du chai, autour de l’église du village, et sur le plateau de la Soulate. Sur une dominante de graves günziennes (des petits cailloux roulés de forme et de couleur différentes, arrachés à différents types de roches), la spécificité de Pomerol, le terroir offre quelques variations, avec plus ou moins d’argiles ou de graves selon les endroits. En superficie, Clinet s’étend sur un peu plus de 1 % de l’appellation Pomerol. En bon millésime, la production flirte avec les 5000 caisses, c’est 1000 de plus qu’au début des années 2000 mais avec un vignoble alors plus petit. En règle générale, il n’y a qu’un seul vin à la propriété, le grand vin, château-clinet. En 1987, un second vin fleur-de-clinet est produit, conséquence du déclassement de certaines pièces. Sa production n’est pas systématique mais avec le millésime 2005, dont le niveau qualitatif n’exigeait pas la production d’un second vin, fleur-de-clinet a changé de statut, devenant une cuvée de négoce et non plus une cuvée de château (et bien entendu étiquetée comme telle !) : les raisins achetés sur le terroir de Pomerol sont alors élevés et assemblés, suivant les années, à 10 à 30 % des volumes de château-clinet non retenus qui feront la base du fleur-de-clinet.
Ronan-by-Clinet, ou comment faire du bruit
dans l’univers calfeutré des grands crus
L’aventure ronan débute à la fin du siècle dernier. Jean-Louis Laborde vient d’acheter Château Clinet, il décide dans la foulée de louer une propriété dans l’Entre-Deux-Mers, Château Larcheval, aussitôt rebaptisée Château Ronan. L’expérience dure jusqu’en 2004, Ronan Laborde décidant de ne pas la prolonger. De 2005 à 2009, la marque ronan va vivoter, à partir de sourcing sur de petits volumes en bordeaux-supérieur. Fruit d’une mûre réflexion, ronan va véritablement naître en 2009, un millésime particulièrement réussi qui va booster le lancement. Ronan-by-clinet, c’est une marque en appellation bordeaux, la plus lisible de toutes les appellations du Bordelais, la gamme se décline pour l’heure en bordeaux rouge et bordeaux blanc. À partir de 2012, et l’acquisition d’une petite parcelle proche du château, ronan-by-clinet bénéficie de ses propres infrastructures, aujourd’hui un chai flambant vient de sortir de terre. Si la marque bénéficie du nom -et indirectement de la caution- du pomerol clinet, ronan-by-clinet est bien un bordeaux, fruit d’un partenariat suivi avec une poignée de producteurs (6 ou 7 suivant les millésimes). À terme, l’achat de vignes n’est pas exclu. En rouge, c’est un pur merlot qui vise le haut de gamme du créneau, vendu à moins de 10 euros prix cavistes, jamais en grande distribution. Le blanc se démarque du style traditionnel des entre-deux-mers, plus complexe, plus rond, plus gras, en raison de la présence de 20 à 25 % de sémillon dans l’assemblage qui fait la part belle au sauvignon, un élevage à la bourguignonne, avec bâtonnage des lies, explique la texture. Le cœur du projet reste cependant le rouge, avec près de 300 000 bouteilles en bon millésime, quand le blanc se limite à 30 ou 40 000. Le blanc est en capsule à vis quand le rouge est bouché liège. Depuis la terrasse qui surplombe le plateau de Pomerol, dans ce magnifique chai qui vient juste d’être achevé, à la fois moderne, fonctionnel et très réussi sur le plan de l’esthétique, Ronan Laborde a le temps de voir.
« On a voulu apporter à Château Clinet de la modernité
et une identité »
Ronan Laborde, propriétaire
Clinet by Clinet
Les vins
2014
Fin, svelte et profond. Impeccable élégance racée..
2013
Nez élégant, fruité fin, fines notes épicées. Bouche élancée, ronde, bien en chair, gourmand, tannin fin, finale nette et droite, encore un peu jeune, de la réserve, bel avenir, expression typiquement pomerolaise en finale, crasse de fer. C’est un vin gouleyant. « C’est un activateur de salive », glisse Ronan Laborde. Sa finale va évoluer sur les épices. Dans un millésime délicat, il fallait relever ce challenge.
2012
Texture onctueuse avec un tannin crémeux, épicé et chocolaté.
2011
Densité épicée avec une allonge soyeuse, on est dans le gourmand caressant.
2010
On a une texture assez dense, avec la suavité habituelle du cru ponctuée d’une finale réglissée.
2009
Ce vin coule gras dans le verre, superbe nez profond avec des touches florales et de poivre du Chili, la bouche est suave et raffinée, le tanin précis, ce vin évolue en finesse.
2008
Fruité gourmand, noir, quelques notes épicées poivrées en bouche, un jus frais et réglissé, élégant, de fins tannins qui se glissent dans une riche matière, finale généreuse mais retour harmonieux, la fraîcheur finale fait du bien. Puissant mais à carafer. Toucher soyeux, élégant. Depuis, le style du vin a gagné en toucher de tannin, en soyeux.
2007
Coloré, bouche ample, tanins d’un grain fin et serré, corps charnu, longue et bonne saveur. Le vin prend ses arômes de truffe et commence à s’épanouir.
2006
Témoignant du retour de la propriété au plus haut niveau dans un style plus raffiné qu’autrefois, c’est un vin de belle tenue, grande élégance, raffiné et profond, insinuant.
2005
Vin puissant, chaleureux mais doté de tanins puissants et moyennement fins.
2004
Le vin est classiquement construit mais manque de finesse et de précision aromatique : boisé épicé, robustesse tannique, pointe d’amertume.
2001
Le vin exprime un remarquable velouté de texture, avec un corps chaleureux, long et harmonieux.
2000
Vin surpuissant, généreux, complexe, ouvertement hédoniste.
2013
Bouche épicée, tannin bien enrobé, élégant, droit, un peu d’amertume en fin de bouche, il lui faut une viande.
2010
Beaucoup de charme pour ce millésime aux accents de fruits noirs et de pivoine que l’on retrouve dans une bouche au tanin frais et dynamique.
2008
Souple, agréable, fruité, très sain et franc, à apprécier dès maintenant !
2006
Pomerol souple, élégant, assez raffiné, développant des notes de violette et de fruits noirs, s’épanouissant sur une finale fruitée et veloutée.
2014, blanc
Floral, agrumes frais, jus de citron en bouche, élégant, fin, apéritif, idéal sur un poisson grillé. Le vin du bassin d’Arcachon. Passé le fruit, on tend vers le floral.
2012, rouge
Fruité gourmand, rouge, mûr. Tannin souple, bouche ronde, élancée, un vin agréable. Sans défaut de concentration, sans note végétale. À boire, mais bien fait. Il titre 13°.