date de la création du domaine
% de syrah dans Les Pierres qui chantent
hectares

Le hameau de Cazelles est perché à 200 mètres d’altitude sur une ligne de crête. Ainsi, en arrivant d’un côté on peut lire sur le panneau “Cazelles, commune d’Agel”, et de l’autre côté du village “Cazelles, commune d’Aigues-Vives”. Les ancêtres de la famille Verdier y sont installés depuis 1713. “Toutes les terres appartenaient à cette époque au château d’Agel, ou à celui d’Aigues-Vives, et nous détenons donc un des premiers titres de propriété du Minervois, à la limite de l’Aude et de l’Hérault”, raconte Jean-Paul Verdier.

Un viticulteur tranquille, qui ne se pousse pas du col, malgré sa présence ancestrale sur ce terroir aride dont le paysage n’a pas bougé depuis des siècles. Aucune autoroute, ni voie ferrée, ne vient balafrer les forêts de pins, ou les vignes, comme en bordure de la Méditerranée. Tout respire ici la sérénité. Celle de Jean-Paul Verdier vient peut-être aussi d’une option qu’il a prise il y a plusieurs années, en faisant le choix d’apporter ses raisins à Vinadeis, la plus grande winery de France. On ne peut pas être au pressoir, et au comptoir, semble-t-il dire en affirmant que “la vigne et le commerce, ce sont deux métiers différents”.

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Nul besoin d’irriguer

Il préfère donc la terre, et les 22 hectares du domaine auquel il a accolé son nom. “Ce terroir peut paraître pauvre et inhospitalier, mais il possède de nombreuses qualités. Après la pluie, par exemple, on peut passer dans la vigne dès le lendemain, car toute l’eau a disparu dans le sous-sol. Et ces gros cailloux blancs, qui restituent des calories à la vigne pendant la nuit, empêchent en même temps qu’il y ait trop d’évaporation pendant la journée, du coup nous n’avons pas besoin d’irriguer à la différence de mes voisins en contrebas dans la vallée”.

L’autorisation d’irriguer date en effet de 2006 sur toutes les zones classés en AOP et en IGP. L’objectif n’est pas tant d’augmenter les rendements que de les stabiliser, et de garantir un niveau de qualité suffisant. Cette possibilité est en outre limité dans le temps à une période de croissance de la vigne, entre la formation de la grappe, au plus tôt le 15 juin, et la véraison, au plus tard 15 août. L’eau est de plus en plus rare dans la région, et il s’agit également d’éviter tout gaspillage.

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Olivier Dauga joue collectif

“Nous sommes en altitude, et cela nous préserve aussi du réchauffement climatique”, poursuit Jean-Paul Verdier, toujours intarissable pour vanter les qualités de son terroir. Au nord, la Montagne Noire, ultime appendice du Massif Central, et au sud-ouest la Serre d’Oupia, piquetée d’immenses éoliennes, découpent l’horizon. Loin du monde, le viticulteur du Minervois n’est cependant pas tout seul, et livré aux éléments pour faire son vin. Le winemaker Olivier Dauga, qui conseille Vinadeis depuis 2012, vient le voir de temps à autre. “Il faut un regard extérieur, d’abord parce que l’on arrive avec un oeil neuf, et ensuite parce que l’avis de quelqu’un qui agit sur des terroirs différents est toujours plus intéressant”, assure ce grand gaillard d’un mètre quatre vingt douze.

Pas assez grand pour faire de l’ombre aux viticulteurs, mais juste assez pour remplir le rôle de tuteur, l’ancien joueur de rugby joue collectif. “J’ai planté presque deux hectares de chardonnay, et Olivier Dauga m’aide à mieux valoriser mes vins”, affirme l’héritier du domaine, dont le grand-père était parti au Vietnam, où il fit une petite fortune à la tête d’une exploitation poivrière. A son retour, quelques parcelles supplémentaires sont venues agrandir le vignoble, et la cuvée “Le Marchand de poivre” a gardé le souvenir de cet aventurier.

Cazelles-Verdier en images

Des pierres qui chantent vraiment

Un autre aïeul du nom de Courtès, lui, était parti à pied à Versailles demander audience à Louis XVI afin d’alléger les impôts dûs à son seigneur et maître. Ayant eu gain de cause, il revint à Saint-Nazaire de Ladarez en vainqueur, et son lointain descendant lui rend hommage avec une Cuvée Courtès chaque année. Mais si ces deux cuvées sont riches en histoire, leur renom ne dépassait pas le cercle restreint de quelques initiés, et des plus proches paroissiens. Il en va autrement de la nouvelle étiquette créée par Vinadeis, “Les Pierres qui chantent”, et joignant le geste à la parole, Jean-Paul Verdier s’empare de deux cailloux blancs qu’il cogne l’un contre l’autre, pour faire comprendre le nom de sa nouvelle cuvée.

Le rouge comprend une majorité de syrah (60%), aux notes poivrées, avec carignan, grenache, et mourvèdre. Les rendements peu élevés, 35 hl/ha contre environ 45 hl pour ses autres vins, donnent une belle concentration, et bénéficient d’un court élevage dans des barriques bourguignonnes. De 4 à 6 mois pour les rouges, pour moitié en fût neuf et pour l’autre en fût d’un vin. Les blancs (100% chardonnay) font caves à part dans une quinzaine de barriques, en chêne du Caucase à fonds d’acacia, durant 3 mois. Bref, c’est un Minervois qui entrevoit le bois, plus qu’il ne le regarde, mais cet apport légèrement tannique et oxydatif fait la différence. Les deux couleurs des “Pierres qui chantent“ sont ensuite vendues sous le label Black Reserve, la marque ombrelle du groupe Vinadeis pour le haut de gamme.

Les vendanges ont eu lieu du 21 août au 29 septembre, à la machine, et les premiers échantillons du millésime 2015 sont pleins de promesses. Nous goûtons les blancs encore turbides, mais avec déjà de jolis reflets verts, et les rouges tout aussi troubles qui laissent percer de beaux arômes de fleurs et de fruits. La rose et la violette pour le mourvèdre, et un nez framboisé avec un zeste d’agrume en bouche pour le grenache. Décidément, les Cazelles, ces cabanes de vignes, cachent des trésors. “Nous sommes en cours d’enquête publique pour avoir l’appellation Minervois-Cazelles”, ajoute Jean-Paul Verdier, qui à 55 ans, envisage un jour de transmettre le domaine à sa fille Amélie.

Jean-Paul Verdier : « le millésime 2016 sera bio »

Les vins

2013

Robe grenat brillante, boisé plutôt raffiné associé à de belles notes de fruits noirs frais, bouche droite, structurée et élancée, avec un grand volume et un potentiel certain.

2013

Épices un peu lourdes, cerise noire, belle syrah, carignan encore un peu présent, sans noblesse mais la bouche a du fond, des tannins solides mais assez fins, de l?intensité aromatique et de la longueur. Beau potentiel à suivre.

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