millions de bouteilles
Année de naissance
hectolitres

Un négociant-éleveur
ancré à Châteauneuf du Pape

Ogier, ou l’histoire de tonneliers devenus marchands de vin. Fondée en 1859 par Antoine Ogier (une cuvée de la maison rend justement hommage au prénom du fondateur), la maison est rachetée par Jeanjean en 1995, avant quelques années plus tard de se fondre dans la nouvelle entité AdVini. De tous les négociants de la vallée du Rhône, Ogier est le seul à revendiquer une solide identité castalpapale, quand d’autres sont indiscutablement liés au Rhône Nord (Guigal, Chapoutier ou Jaboulet), voire associés à de nombreuses appellations du Rhône Sud (Perrin, le fameux château de Beaucastel relevant de la propriété) et à disposer d’un chais d’élevage de près de 8000 hl de capacité au cœur du village.

Ogier est un négociant-éleveur. Un pur négoce. Les propriétés de Cousignac ou du Clos de l’Oratoire des Papes sont ici considérées comme des entreprises à part. Avec un volume total de l’ordre de 9 millions de bouteilles, les proportions se répartissent entre 80 % pour les rouges, 10 % les rosés et 10 % les blancs ; comme le souligne François Miquel, directeur général, « nous sommes survendeurs en blancs, et sous-vendeurs en rosé, ce qui va plutôt à l’encontre des tendances du moment où le rosé est très demandé ». Quand d’autres négociants peuvent papillonner vers le Languedoc ou la Provence, Ogier est vallée du Rhône à 100 %, environ 90 % Rhône Sud contre 10 % Rhône Nord, et quasi exclusivement des vins d’appellations, y compris dans un Rhône Sud gros producteur d’igp. Dans la gamme, les cuvées à forts volumes sont les trois couleurs de la gamme Héritages, en côtes-du-rhône (à destination de la grande distribution), la gamme Artésis en côtes-du-rhône (à destination des cavistes et de la restauration), et le châteauneuf-du-pape Reine-Jeanne (à nouveau pour la restauration). Le sourcing s’effectue très largement à partir de contrats de partenariats, environ 70 contractants fidèles (essentiellement des domaines, quelques caves coopératives) rémunérés avec des bonus motivants en fonction de la qualité. Ces partenariats stables représentent environ les deux tiers des achats, le tiers restant est acheté en fonction des besoins et des propositions, « à la paillasse » comme on dit dans le jargon. Quelle que soit l’origine du vin, tous sont élevés dans les chais de Châteauneuf, afin d’assurer un suivi qualitatif le plus en amont possible. Définir le style Ogier en trois points, ce serait évoquer le grenache, les grands contenants, et le fruité dans les vins. Le grenache, car c’est le cépage identitaire de la maison, présent minimum à 70 % dans toutes les cuvées, mêmes les côtes-du-rhône. Les grands contenants, car l’essentiel des élevages s’effectue en demi-muids de 500 à 600 litres, ou bien des foudres de 30 à 60 hectolitres, voire des cuves tronconiques de 155 hectolitres ; les quelques pièces de 300 litres ne suffisent pas à définir le boisé maison comme appuyé, au contraire. Dernier point, le fruité, présent dans tous les vins, associé à une notion de fraîcheur et de profondeur, le tout en relation avec le style affiché en élevage, qui permet justement de préserver ces qualités initiales du vin.

Un développement
qui passe par l’œnotourisme

L’un des objectifs affichés par la maison, à court ou moyen terme, c’est de renforcer sa position à Châteauneuf-du-pape, d’en devenir une institution (le Clos de l’Oratoire des Papes l’est déjà, Ogier pas encore), dit autrement que les nombreux touristes de passage dans le cru estiment nécessaire de s’arrêter chez Ogier. C’est ça être incontournable, quand bien même on ne peut accueillir des centaines de milliers de visiteurs chaque année. La maison n’affiche clairement aucune ambition de se développer dans le Rhône Nord, où le sourcing est actuellement très compliqué, mais au contraire elle souhaite faire du Rhône Sud son terrain de chasse, et en particulier à Châteauneuf. L’accent est donc mis sur l’accueil, les lieux de réception, l’œnotourisme. Et c’est là que le conservatoire des terroirs a un rôle exceptionnel à jouer. Longtemps, Châteauneuf communiquait essentiellement sur les fameux treize cépages, ce record national qui fait la fierté de l’appellation. « Aujourd’hui, le précise François Miquel, nous sommes passés de la symphonie des treize cépages à la mise en avant des terroirs. » Jusqu’à présent, la plupart des magasins de vin de Châteauneuf étaient de petits caveaux de vente qui ne permettaient pas véritablement d’appréhender l’appellation qu’est Châteauneuf-du-Pape dans sa globalité. Le conservatoire mis en place par Ogier présente de façon pédagogique les quatre terroirs de l’appellation, les éclats calcaires, les safres, les galets roulés et les grès rouges. Pour pousser la démarche de comparaison jusqu’au bout, les vins issus de ces quatre terroirs sont vinifiés à l’identique et mis en bouteille le même jour, permettant ainsi à chacun une authentique dégustation du terroir, toutes choses étant égales par ailleurs.

Depuis 2006 que ce conservatoire est en place, Ogier redéfinit ainsi progressivement sa communication, basculant des cépages au terroir, et s’inscrivant parmi les acteurs de référence pour l’appellation. La prochaine étape, dans les dix ans qui viennent voire un peu plus, consistera à contrôler un peu plus l’amont, soit via des fermages soit par des achats de propriété. Dans la mesure où le sourcing se raréfie et que chaque année les surfaces viticoles en vallée du Rhône régressent, il s’agit là d’une priorité stratégique, du moins sur les secteurs clefs où la demande est forte. Un axe de développement qui peut d’ailleurs concerner de nombreux vignobles, dans le Rhône ou ailleurs en France, c’est-à-dire à peu près partout où les maisons du groupe AdVini sont implantées…

Le domaine Notre-Dame de Cousignac

Alors que le négoce est dans l’ADN d’Ogier, l’aventure Notre-Dame de Cousignac est le résultat d’une opportunité, qui a permis en 2004 de sécuriser un approvisionnement de 60 hectares de vignoble en Ardèche. La famille Pommier détenait ce domaine depuis 7 générations (Raphaël Pommier en est resté le régisseur après l’acquisition) et le travaillait en bio depuis près de 40 ans et aujourd’hui certifié. Les vignes sont situées dans les terroirs ardéchois, en altitude, là où la fraîcheur rend le sourcing très recherché pour les côtes-du-rhône et les côtes-du-rhône-villages. En outre, l’Ardèche a bénéficié d’un gros coup de projecteur lorsqu’en 2014, la grotte Chauvet est classée au Patrimoine Mondial de l’Unesco. À Saint-Marcel d’Ardèche, le domaine dispose d’une cave enterrée contenant 15 fûts de 300 litres à 100 mètres sous terre, sans aucune onde perturbatrice, à une température constante de 14°C et 88 % d’humidité. Comme toutes les grottes du secteur, elle fut occupée au Paléolithique. En hommage, une nouvelle cuvée a été baptisée Vinolithic, et un nouveau concept de spélé-œnologie a été mis au point : au-delà du jeu de mot, il s’agit de déguster les bouteilles à 100 mètres sous terre, dans le noir absolu, quand on a tous ses sens en éveil.

Ogier en images

Les vins

Artesis Blc Collerette NM

Côtes du Rhône Artésis, blanc 2015

Fruité plein de jus, les fruits blancs dominent (poire Williams), pointe de fruits exotique (banane), bouche tout aussi savoureuse, élégante, à point, elle se livre de suite. Un régal. Merveilleux rapport qualité-prix.
> 2020

14,5/20

Artesis Rge Collerette NM

Côtes du Rhône Artésis, rouge 2015

Concentré, fruité noirs, épices fortes, une bouche bien en chair avec de fermes tannins bien graissés, la petite pointe de réduction ne répugne pas à un petit passage en carafe. Solide. Encore jeune.

> 2022

13/20

PDD Collerette NM

Côtes du Rhône-Villages Plan de Dieu, rouge 2015

Porté par les fruits rouges, gourmand, des tannins encore un peu fermes, une assise et du sérieux, on peut l’attendre ou le servir sur un gibier en sauce. Son soyeux en bouche est prometteur.

2018> 2023

14,5/20

Lirac Collerette NM

Lirac Lou Caminé, rouge 2015

Joli nez floral bien dégagé, les fruits rouges arrivent ensuite, bouche ronde aux tannins juteux et bien enrobés, la finale encore un peu ferme demande de la patience.

2017> 2023

15/20

Rasteau Collerette NM

Rasteau Hélianthe, rouge 2014

Bouche encore ferme, structure finement dessinée, beaucoup de charme mais encore trop jeune, finale portée par les fruits à noyaux.

2017> 2024

15,5/20

CHPA-reine-jeanne-rouge-NM

Châteauneuf-du-Pape Reine Jeanne, rouge 2014

Fruits et fleurs, une note fumée grillée qui incite à un peu d’aération, de la puissance plus que de la finesse, sa finale est musclée.

2018> 2024

15,5/20

BL-reine-jeanne-NM

Châteauneuf-du-Pape Reine Jeanne, blanc 2015

Une tension plus épicée que dans le côtes-du-rhône artésis, des parfums plus subtils mais à ce stade moins gras et moins gourmand en bouche, il est bâti sur la finesse et exige de belles gambas grillées.

> 2020

15/20

Ogier, la tradition en mouvement

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