Sous la nouvelle gouvernance d’une équipe dédiée et la direction de Laurent Fortin, ce cru classé de Margaux prend place dans la course de l’excellence
L’histoire du vignoble de Château Dauzac peut servir de modèle pour celle de l’ensemble des vignes du Médoc. Nous savons qu’au milieu du XVIè siècle le « Bourdieu » de Dauzac régissait les relations entre les propriétaires bénédictins et les exploitants. Le parcours postérieur est classique qui fait se succéder des familles de parlementaires bordelais (les Cousseau), puis de négociants dont deux générations de Lynch, marchands d’origine irlandaise. La notoriété du cru est telle qu’il est classé en 1855. Peu après, les Johnston, déjà propriétaires de Ducru-Beaucaillou, ajoutent Dauzac à leur portefeuille. Leur savoir-faire a naturellement permis au cru de progresser, et même, avec la mise au point de la bouillie bordelaise, de sauver l’ensemble de la viticulture bordelaise en lui donnant les moyens de contrer les terribles effets du mildiou. Les Johnston étaient amis d’Alexis Millardet, le savant botaniste qui perfectionna le mélange de sulfate de cuivre et de chaux. Après les négociants les particuliers prennent en charge la propriété, dans les années 1930 les Bernat et dans les années 1970 les Châtellier. Depuis 1988 le domaine appartient à la MAIF. La mutuelle s’associe rapidement à André Lurton pour gérer l’agriculture, l’œnologie et le commerce, ce qu’il fera avec sa maîtrise habituelle et la grande satisfaction de remettre les pieds à Margaux, berceau de sa famille. Sa fille Christine prend sa suite mais quitte Dauzac en 2013 pour reprendre les rênes des vignes de son père. Laurent Fortin est désormais en charge, avec la ferme volonté de renforcer la qualité et la notoriété du cru.
Laurent Fortin, directeur général
Le domaine
Château Dauzac est une magnifique propriété de 120 hectares, située à l’extrême sud de l’appellation Margaux, sur la commune de Labarde. Quarante cinq hectares sont plantés en vignes, remarquablement reconstituées au milieu des années 1980. La densité de plantation de 10 000 pieds à l’hectare a été respectée, les porte-greffes soigneusement choisis après analyse des sols et le cabernet-sauvignon domine largement avec 65 %, complété uniquement par 35 % de merlot. Cette proportion augmentera encore certainement dans un proche futur. Le micro climat, largement influencé par l’estuaire de la Garonne distant de 350 mètres, protège souvent la vigne du gel de printemps, tout en harmonisant les différences estivales de température entre les nuits et les jours. La composition des sols de graves est d’une rare homogénéité ce qui explique la qualité remarquable des vins des plus jeunes vignes qui produisent La Bastide de Dauzac, étonnamment proche en style du grand vin. Le reste de la propriété comprend un étang, un magnifique parc aux essences rares, et des prairies, l’ensemble garantissant un remarquable équilibre écologique, soigneusement entretenu. On le voit les atouts du cru sont nombreux et l’autorisent à rivaliser avec les plus célèbres crus du secteur.
Le vignoble
Château Dauzac produit un margaux d’un grand classicisme d’expression. Ce style a été voulu par le fameux professeur Emile Peynaud, engagé par la famille Chatellier en 1978 pour remettre le vin sur les meilleurs rails. Eric Boissenot conseille depuis de nombreuses années le domaine dans le même esprit, son père ayant été le plus fidèle disciple du maître. Il peut compter sur la compétence de Philippe Roux, directeur technique du château depuis 20 ans et complètement attaché à ce style. Ce classicisme se définit comme une recherche aussi aboutie que possible d’harmonie entre l’alcool, l’acidité et le tanin, obtenue par un contrôle précis de la maturité optimale du raisin et un respect absolu de cette vendange.
Les raisins sont cueillis manuellement en petites caisses, soigneusement triés, mis en cuves par gravité et vinifiés dans l’esprit du millésime. Des cuves de plus petite taille permettent de respecter encore plus précisément le parcellaire du vignoble en vinifiant de façon indépendante tous les lots et faciliter ainsi l’assemblage. On en percevra l’heureuse influence avec la dégustation des cinq derniers millésimes et, en particulier, du tout dernier, le 2014, encore en progrès sur les précédents.
Aurore de Dauzac
Philippe Roux, directeur technique du Domaine, Laurent Fortin, directeur général Stéphanie Le Quellec, chef étoilée et Eric Boissenot, œnologue conseillant
En perspective de la réception des Primeurs dans le cadre de l’UGCCB, et un an après la naissance de son premier millésime, Aurore de Dauzac, second vin du 5ème Grand Cru classé en 1855 Margaux, a connu l’assemblage de son opus 2014, en présence de sa marraine, la chef étoilée Stéphanie Le Quellec, d’Eric Boissenot, œnologue conseil, de Laurent Fortin et Philippe Roux, respectivement directeur général et directeur technique du Domaine.
Château Dauzac en images
Dauzac par Dauzac
Le vignoble de Dauzac
La dégustation
Thierry Desseauve
Frère jumeau de Siran par l’emplacement de ses vignes mais classé en 1855, Dauzac appartient à la MAIF et produit des vins corsés et colorés. La nouvelle direction du cru ambitionne de poursuivre la progression déjà largement entamée. Les derniers millésimes montrent une évolution bienvenue vers plus de finesse et le vin peut rivaliser avec les meilleurs voisins. Les prix restent fort raisonnables.
2013
Boisé strict, un rien envahissant, mais à l’air tout se rétablit. Le vin frappe par sa plénitude de constitution et son pulpeux de texture, avec beaucoup de personnalité.
2012
Beau nez floral, expression juste et complète de l’appellation, tannin bien intégré, ensemble très soigné et hautement recommandable !
2011
Bouteille marquée par un tannin trop astringent. Il faudra revoir le vin dans deux ou trois ans.
2010
Excellente saveur de beau merrain, très riche, séveux, tannin très gras, remarquable réussite, et rapport qualité-prix appréciable pour tant de classe.
2009
Noble arôme de mûre, grande couleur, corps considérable, vin de grand format, complet, racé, vivement recommandé : chapeau à toute l’équipe du château.
2008
Coloré, puissant, tendu, un peu moins de nuances dans les arômes et les dégradés du tanin que chez d’autres.
2007
Une robe splendide, un gras dans la texture rarissime à Margaux en 2007, beaucoup de vitalité et de complexité, extrêmement bien fait.
2006
Coloré, intense, raisin parfaitement mûr, velouté, charnu, une des belles réussites du millésime, plutôt rares à Margaux.
2005
Puissant, tannique, un rien moins harmonieux dans son fruit et son tanin que 2006, de garde.
2004
Un peu moins de robe que d’habitude, texture serrée et tendue, belle fraîcheur, tanin net, excellent ensemble au vieillissement assuré.
2003
Nez très pur de cèdre, vin délicat malgré sa puissance, texture caressante, tanin très judicieusement intégré au corps.
2002
Vin puissant, coloré, musclé même pour l’appellation, raisin mûr, boisé un peu insistant.
2001
Vin dense, puissant, un peu monolithique aussi bien sur le plan des arômes que sur celui de la texture. Du potentiel pour la garde néanmoins.
2011
Précis dans ses arômes, pulpeux dans sa texture, joli vin déjà très bien sélectionné et bon rapport qualité-prix.
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