hectares
vignerons pour la Cuvée mythique
lancement du Château Jonquières blanc
hl rendement du millésime 2015

Le triangle Béziers, Perpignan, Carcassone est un triangle d’or, dans lequel s’inscrivent les 17 000 hectares des vignobles Vinadeis. Le château de Jonquières dans les Corbières, et la Cuvée mythique avec ses 1,6 millions de bouteilles, sont deux des pépites de la grande ammonite, symbole du premier groupe coopératif viti-vinicole de France. Dans ce paysage de vignes et d’oliviers peints par Yves Brayer, le Château de Jonquières s’est toujours distingué. Cette grange cistercienne dépendait de l’abbaye de Fontfroide, mais les moines semblent s’être plus souciés d’éradiquer ce qu’ils appelaient “l’hérésie cathare” que d’isoler leurs meilleures parcelles de vignes.

“Nous avons donc dû établir une cartographie précise des sols et des cépages, avant de faire un tri, car on avait planté un peu de tout à Jonquières, grenache, syrah, cinsault, et mourvèdre, bien sûr, mais aussi du cabernet sauvignon et du merlot, ainsi que du san giovese, ou du tempranillo, raconte Olivier Dauga, 51 ans, ancien rugbyman devenu winemaker, conseil de Vinadeis depuis 2012. « Mais certains de ces cépages n’étaient vraiment pas adaptés, ni en rendement, ni en maturité”. Si l’éolienne que l’on voit sur les étiquettes du Château de Jonquières ne tourne plus, la page du vignoble expérimental a, elle, définitivement été tournée.

Olivier Dauga, winemaker

Un vin né au milieu de la garrigue

Aujourd’hui, les 37 hectares, qui appartiennent à la ville de Narbonne, et sont en fermage chez Vinadeis, font un vin rouge racé. On peut encore le dire des vins, alors ne nous en privons pas, surtout s’ils sont nés sous le soleil de la Méditerranée, dans une garrigue de pins, de cyprès et d’arbousiers. Les vendanges ont eu lieu ici du 7 au 24 septembre, à la machine, qui permet de récolter les raisins avec une parfaite maturité. La taille guyot remplace d’ailleurs petit à petit la taille en gobelet pour faciliter le ramassage. “Les pluies de printemps ont été suivies par un été sec, et ce que nous avons goûté est porteur d’une grande année”, confie Olivier Dauga, juste au lendemain de la giffle de Cardiff contre les Blacks néo-zélandais.

Il se préoccupe plus pour l’instant de la cuvée Eole, Black Reserve, la marque ombrelle du groupe Vinadeis pour le haut de gamme. Un assemblage de syrah et de grenache, dont il résume la philosophie comme un coach offensif, “on veut faire exploser le fruit”. Le rosé de la cuvée Cercius, du nom d’un dieu romain, qui marie le grenache au cinsault sur les sols les plus froids, est en appellation Languedoc. Et son faible degré, 12°5 pour le 2014, répond parfaitement à la demande d’un vin festif et croquant, que l’on puisse boire sans trop se soucier des lendemains de fête.

“Les pluies de printemps ont été suivies par un été sec, et ce que nous avons goûté
est porteur d’une grande année”

Du soleil en bouteille

“Nous avons inversé les priorités, avant, on produisait et on regardait ce qui se vend, désormais, on privilégie ce que veut le marché”, souligne Frédéric Alcouffe, 45 ans, le directeur du pôle vins de Vinadeis qui sort d’une matinée de dégustation avec Olivier Dauga, ainsi que son épouse et collaboratrice Catherine Socasau. Ils ont les dents un peu rougies par les belles couleurs du millésime, mais aussi un sourire aux lèvres de bon augure. Et les degrés, demande-t-on, ne sont-ils pas trop élevés ? “Non, c’est superbe, et quand ça monte trop, on monte en gamme, car les amateurs éclairés se soucient moins des degrés que de la matière et des arômes qu’ils ont en bouche”, assure Dauga, que rien n’effraie, et surtout pas un peu plus de soleil dans la bouteille.

Le Château Jonquières s’est donc recentré sur son Adn méditerranéen, tout comme la Cuvée mythique, dont l’étiquette orangée a conquis les bonnes tables depuis sa création en 1987. Elle ne comprend plus que le carré d’as des cépages languedociens, grenache, mourvèdre, syrah et carignan. Tous les 1600 viticulteurs adhérents peuvent intégrer cette fameuse cuvée, mais il faut un bon potentiel au départ. Un préleveur, (à Bordeaux, on dirait un courtier), est chargé de prélever, puis de coder, trois échantillons chez les 200 et quelques candidats. Philippe Raynaud est chargé de cette opération, qui ne gardera au final que douze des meilleurs vignerons.

Château de Joncquières en images

Un rosé pour la Cuvée mythique

Cette rigueur s’est traduite par une reprise en main de l’élevage par Val d’Orbieu, rebaptisé Vinadeis en 2015. “Autrefois, chaque viticulteur élevait son vin une fois sélectionné, d’où des résultats parfois hétérogènes, maintenant la vinification a lieu à la cave de Montredon, et tout l’élevage à Jonquières, cela nous permet de souligner l’effet millésime”, explique Olivier Dauga, en tapant du plat de la main sur les grandes cuves en béton du chai. Il y a aussi de plus petits contenants, des Flexcube de 10 hl, l’équivalent de quatre barriques, qui procurent un échange d’air comparable. Les grandes cuves, elles, reçoivent des copeaux de bois, et des staves (planchettes en chêne), afin de donner une petite touche boisée, pendant trois à cinq mois.

A demi-enterré, le chai est parfaitement isolé, et son toit est aujourd’hui couvert au sud-est de panneaux photo-voltaïques, et la Cuvée mythique pourrait tout aussi bien être qualifiée d’écologique. Une chouette veille d’ailleurs sur l’étiquette comme une sentinelle.

Depuis 2012, un blanc complète la gamme, avec une trame constante de marsanne, roussane et viognier, et le Château Jonquières aura bientôt lui aussi un blanc. 1,5 hectare de vermentino a en effet été planté, dont la première récolte ne sera commercialisé qu’en 2018.

Mais la grande nouveauté qui agite le landerneau languedocien, c’est le lancement l’an prochain du rosé de la Cuvée mythique. Une méthode traditionnelle est même déjà élaborée pour le Japon, l’une à base de chardonnay, et l’autre de pinot noir. Les marchés étrangers sont ainsi devenus un terrain de jeu où l’on expérimente de nouvelles idées. Celle du bouchon à vis mais en liège, le Twist to taste, par exemple, dont les Allemands raffolent. Un tiers du chiffre d’affaires est réalisé à l’export, où l’avenir de la première winery française se joue autant que dans les linéaires. Même si le Château Jonquières, au coeur des Corbières, restera toujours le centre névralgique du groupe Vinadeis.

« Cette région du sud est encore à découvrir »

La Dégustation

2013

Beaucoup de fond, fruits rouges et noirs, fines épices, assez long, de la personnalité. Élégant, assez fin, belle longueur.

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