Nouveau directeur technique
hectares en production
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Une propriété de famille

« Mon père achète la propriété en 1973 » se souvient Catherine Blasco, « à l’époque il y avait seulement 7 hectares plantés sur les 35 en appellation, nous avons effectué un gros travail de plantation sur plus de 30 hectares, en quelques années seulement. En 1979, il achète une moitié du château Larrivaux, un cru voisin, et reconstitue ainsi le cru Hanteillan historique, tel qu’il existait en 1820. Ainsi, au début des années 1980, la propriété a-t-elle retrouvé sa taille d’origine, soit 80 hectares. »
À partir de 1983, et durant trois décennies, Catherine Blasco gère la propriété « en bon père de famille » comme elle aime le souligner, faisant d’Hanteillan un bon cru bourgeois, accessible à tous points de vue. En 2012, un nouveau directeur technique entre en fonction, Philippe Marchal, il met en place un programme très ambitieux de rénovation de la propriété et de montée en gamme des vins.

2012, l’année déclic

De ses précédentes expériences professionnelles (notamment Prieuré-Lichine, toujours en Médoc), Philippe Marchal a noué de solides relations avec le consultant Stéphane Derenoncourt. C’est donc tout naturellement qu’ils vont travailler de concert, ravis de l’énorme potentiel qu’offrait la propriété. Une complicité d’autant plus utile qu’à leur arrivée, en 2012, les raisins sont déjà mûrs et ils n’ont plus qu’à les cueillir, sans avoir pu suivre ni accompagner leur évolution ni accomplir le moindre travail dans les sols. Paradoxalement, c’est avec ce millésime que Philippe Marchal comprend toute la valeur de ce terroir, en observant les différences de maturités selon les parcelles. Dans un Médoc essentiellement plat, à Hanteillan la diversité topographique est importante, et les pentes nombreuses.

Comprendre le terroir

A Hanteillan, les pentes font que le socle calcaire du relief n’est pas toujours à la même profondeur, plus fleurant en haut des pentes, plus profond dans les bas. En reprenant le travail des sols, par exemple, la vigne va plonger plus profondément et ainsi éviter tout stress hydrique les années de sécheresse, c’est là l’une des caractéristiques du cru. Dès leur première vendange effectuée, le duo Marchal-Derenoncourt décide de reprendre le travail des sols, à l’hiver 2012-2013. Les herbicides sont supprimés et on rachète des charrues et des griffes afin d’aérer les sols, processus indispensable à la décomposition des micro-organismes. En parallèle, un gros travail de replantation est engagé, en priorité les parcelles jugées trop vieilles, celles qui n’avaient pas donné le meilleur en 2012, ou tout simplement celles pour lesquels le duo estimait que le cabernet-sauvignon serait plus adapté. Avec en tête un schéma de replantation de 30 hectares sur 10 ans, la moyenne de 3 hectares l’an est intense, tant pour les équipes que pour les finances de l’entreprise, mais c’est la condition sine qua non pour arriver à un âge moyen de 30 ans. Par la même occasion, l’encépagement est également corrigé. Dans les années 1970, il n’était pas rare de planter le cabernet-sauvignon dans les bas de coteaux, plus humides donc là où les risques de gel sont plus importants, le merlot, plus précoce, étant lui planté sur les plateaux. Sauf que les sols plus argileux des bas de pente conviennent mieux au merlot, quand le cabernet-sauvignon mûrit mieux sur les hauteurs ! Une aberration agronomique que toute une série de fosses pédologiques ont démontrée. Aujourd’hui, le vignoble rajeunit très vite, et sur certaines parcelles on peut ainsi trouver deux cépages différents, plantés sur deux voire trois porte-greffes en fonction de la nature exacte du sol. Si la production de grand vin va s’en ressentir pendant quelques années encore, en volume, le temps que les vignes prennent durablement racine, l’encépagement du vignoble va se stabiliser autour de 55 % merlot, 40 % cabernet-sauvignon et 5 % en petit verdot. Philippe Marchal en est convaincu : si le cabernet-sauvignon reste le cépage roi du Médoc, le merlot doit être majoritaire à Hanteillan, car le merlot peut donner de grands résultats sur certaines parcelles quand le cabernet-sauvignon n’y mûrirait pas tous les ans. D’autres réflexions viendront prochainement affiner certains réglages, peut-être quelques parcelles verront-elles du malbec ou du carménère quand tous les autres ne conviennent pas. Là encore, creuser le sous-sol et observer sa réelle nature a permis de mieux comprendre l’envers du terroir.

Pas de style Derenoncourt

Tant Catherine Blasco que Philippe Marchal insistent sur ce point : il n’y a pas à proprement parler de style ou de méthode Derenoncourt, simplement une série de petits détails dans les réglages et dans les observations, qui lentement mais sûrement font avancer les choses dans le bon sens. Philippe Marchal est même catégorique : « On ne veut pas faire le vin d’un homme ou d’un consultant, mais le vin du lieu, le vin d’un terroir. Qu’on aime ou pas Hanteillan, ça doit être un vin d’un lieu, avec une identité différente selon les années. » Le changement le plus spectaculaire a eu lieu au chai, puisque le chai à barriques… ne contenait plus de barriques, on est depuis revenu à une vinification plus classique pour le secteur.

Lettre au père Noël

Philippe Marchal l’avoue, confiant : « Aujourd’hui, la route est tracée, nous avons entrepris le renouvellement du matériel végétal, il ne nous reste plus qu’à confirmer le caractère du vin. S’il est vrai que le millésime 2013 n’a pas fournis les conditions propices, les progrès accomplis sont perceptibles à partir de 2014 et ont été largement confirmés par 2015. » Peut-on envisager d’autres projets, par exemple un Hanteillan blanc ? Sur des terroirs argilo-calcaires, froids, a fortiori dans un secteur où les vins dans cette couleur sont rares (et les bons encore plus), l’idée a de quoi séduire, du moins sur le papier. Rien n’est exclu, rien n’est pour autant décidé. Le principal chantier pour Catherine Blasco demeure la distribution de son cru bourgeois. Longtemps, Hanteillan était distribué par la place de Bordeaux, ce système si particulier où les courtiers s’adressent aux négociants qui eux-mêmes vont ensuite le vendre aux différents réseaux aux quatre coins du monde, avec le risque que les prix ne soient pas harmonisés au sein d’une même zone.

Château Hanteillan en images

Château Hanteillan en vidéo PAR B+D

Château Hanteillan en vidéo PAR Château Hanteillan

Les vins de Château Hanteillan

50 % merlot, 3 % petit verdot, 47 % cabernet-sauvignon.
Encore un peu serré, dense, tannins mûrs mais encore de la fermeté, pas très ample dans ses parfums, c’est le millésime du renouveau. Il faut bien l’aérer.
⇒ 2022

Seulement 700 hectolitres produits.
Un nez légèrement fumé, une bouche élégante, aux tannins fondus, une finale qui prend des accents poivrés, plus souple que 2012 mais plus fin dans son toucher. On a depuis gagné en précision.
⇒ 2020

60 % merlot.
Un fruité large et ouvert, rouge essentiellement, agrémenté de nuances florales et quelques épices, une pointe fumée qui donne de l’élégance (c’est le calcaire froid d’Hanteillan). En bouche, un toucher gourmand, l’entame est crémeuse, un vin de toucher, en finesse et en délicatesse, une finale saline subtile. Ce millésime signe le retour de la propriété au premier plan ! Avec une digestibilité et un équilibre particulièrement séduisants à table.
⇒ 2029

Goûté avant mise. Un boisé un peu plus épicé, mais le millésime est jeune encore et l’échantillon était prélevé sur la barrique. Haute maturité du raisin, bouche voluptueuse, tannin gras et long, densité et concentration, grand avenir mais à garder absolument. À revoir dans sa version finale, mais les promesses sont élevées.

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