millions (en années), c’est l’âge des sols sidérolithiques
mètres, c’est la hauteur du plateau où se situe le vignoble de Chambert
bouteilles

Une vieille propriété… très récente

Chambert, c’est l’histoire d’une propriété historique de Cahors dont seul le dernier chapitre intéresse les amateurs de vin, ou presque. Lorsque Philippe Lejeune, l’actuel propriétaire, acquiert le domaine, il trouve dans les archives une déclaration de récolte datant de 1854, un an avant le fameux Classement du Médoc de 1855. À l’époque, la propriété à elle seule couvrait 400 hectares ! À cause d’une bougie, un incendie a ravagé le bâtiment à la fin du XIXe siècle, expliquant la disposition particulière du bâtiment aujourd’hui encore. Le phylloxera et par la suite l’obligation de tout replanter ne vont rien arranger, le château ne retrouvera jamais sa splendeur passée. En 1862 naît au château Marc Désiré Bataille, qui passera à la postérité comme l’un des tout premiers généraux tombés au front de la Première Guerre mondiale, le 8 septembre 1914. Sa propre sœur hérite de ses biens, mais étant nonne plus personne ne s’occupe du château, jusqu’à son rachat en 1974 par un négociant en vins établi à Brive, Marc Delgoulet. C’est son fils, sans héritier en âge de lui succéder, qui va vendre Chambert à Philippe Lejeune en 2007. Ainsi durant près d’un demi-siècle, les vignes étaient-elles en friche, si bien qu’il n’existe aucun vin des années d’après-guerre, mais comme le glisse malicieusement le nouveau propriétaire, « au final, moi ça m’arrange, car pendant toutes ces décennies la propriété était en bio, même si c’était involontaire ! »

All you need is cot !

Après une première vie comme ingénieur en électronique et en informatique, Philippe Lejeune décide de basculer dans le monde du vin. Avant même de signer pour Chambert, il rencontre Stéphane Derenoncourt et arpente les vignes de la propriété en sa compagnie. Ils sont sur la même longueur d’ondes. Ils regardent les sols. Ici on pratiquera la biodynamie, ils en sont certains. Un an après la reprise du domaine, la certification bio est lancée (2008), et depuis le millésime 2015 la biodynamie est elle aussi certifiée. Aujourd’hui, si la propriété affiche un potentiel de 100 hectares, seuls 70 sont plantés, et cela restera ainsi. 80 % de l’encépagement est constitué de malbec, ou côt, le reste est en merlot, compter également 2 hectares de chardonnay (en IGP). Autorisé dans le décret d’appellation, le tannat a été arraché car même à plus de 15° de potentiel alcool, il n’atteint pas ici sa maturité phénolique. Et le vignoble a aujourd’hui fière allure, planté pour la majeure partie en 1974, assurant ainsi un âge moyen d’une quarantaine d’années, le bel âge en viticulture. Lorsqu’il doit y avoir replantation, elle se fait en massale, et à 6500 pieds hectare.

Redéfinir une identité

Le plus délicat restait sans doute à définir un style pour Chambert, faute de vieux vins disponibles en cave. Encore une fois, pour comprendre un terroir il faut en regarder le sol ! Sur les 70 hectares plantés, on dénombre une centaine de parcelles, chacune divisée en plusieurs zones selon leur position dans le coteau. Sur les plateaux de Cahors, la couche géologique est de formation kimméridgienne, avec trois natures de sol : le premier, argileux avec un peu de calcaire (assez lourd), le second, calcaire avec très peu d’argile (plus drainant, entraînant souvent un stress hydrique dans la vigne), et le dernier, le plus important, les sidérolithes, des terres rouges faites d’argiles riches en oxydes de fer, dont Chambert est riche. La voilà, cette identité tant recherchée. Reste ensuite à adapter le travail des sols. Sur ces argiles feuilletées, le passage au tracteur risque de les compacter, il faut adapter le matériel. À Chambert, les sols sont juste griffés, jamais labourés, « une aberration en biodynamie, souligne Philippe Lejeune, car quand tu laboures tu renverses le sol, et tu mets la vie microbienne à l’air libre ce qui la tue, nous cherchons au contraire à préserver cette vie du sol. »
Dernière étape : des vendanges al dente pour préserver la fraîcheur et la tension du malbec, une cueillette manuelle par choix stylistique, et une vinification au plus simple pour bâtir une gamme en trois vins : une entrée de gamme sur le fruit, un château-de-chambert élevé une année en barrique, et le grand-vin, pur malbec, élevé lui aussi une année complète en barrique. Et ça marche.

Château de Chambert en images

Château de Chambert en vidéo PAR B+D

Les vins de Château de Chambert

C’est l’entrée de gamme. Une entame légèrement arrondie, qui apporte un moelleux qui enrobe le tannin, ensemble gourmand et souple.

>2018

Un toucher élégant, même si on a gagné en velouté et en finesse depuis, parfums de fruits secs, droit, on ne tardera pas trop à le boire, c’est le tout début de la bonne période.

> 2020

C’est avec ce millésime que la propriété franchit un cap, dixit Philippe Lejeune, grâce aux conseils judicieux de Simon Blanchard et Stéphane Derenoncourt. De fins parfums de fruits des bois, réglisse, mûre, épices douces. Le toucher est onctueux, la fraîcheur exquise, les tannins magnifiquement enrobés, on touche là au grand vin de Cahors ! Il a pour lui la fraîcheur et l’équilibre, avec cette verticalité étonnante apportée par le sol kimméridgien, qui n’est pas sans rappeler, le tannin mis à part, la tenue portée par l’acidité d’un grand chardonnay de Chablis !

> 2022

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