Un vignoble en pleine reprise
Vignoble historique du nord du Médoc, dans le secteur de Bégadan, le château Patache d’Aux appartenait à la famille Lapalu depuis 1964, lorsque celle-ci l’a racheté aux Delon (château Léoville Las Cases). La propriété a sorti quelques grands millésimes, en atteste le 1961 qui goûte encore honorablement. Le tournant du millénaire a coïncidé avec un certain ronronnement quand de nombreux crus du secteur évoluaient vers le haut, jusqu’à l’arrivée d’AdVini en 2015. Dans la foulée, des investissements conséquents ont été consentis, à la vigne mais aussi en cuverie, avec la construction d’un nouveau chai, fin prêt pour la vendange 2018. Doté de 35 cuves, plus fonctionnelles que les anciennes grosses cuves, elles permettent également une vinification au plus près de la parcelle en fonction des différentes dates de vendange. En béton brut, elles offrent une grande inertie thermique.
Un terroir en 2 parties
Les 58 hectares de la propriété se divisent en deux parties bien distinctes. La partie principale, sur le plateau de Bégadan, couvre 47 hectares d’un seul tenant, un plateau calcaire dur avec un peu d’argiles lourdes superficielles ; l’autre secteur est à environ cinq kilomètres, en bordure d’estuaire, à Saint-Christoly, dix hectares sur une jolie coupe de graves garonnaises. Avant la reprise de la propriété, le secteur de Bégadan était essentiellement planté en cabernet-sauvignon, or ce secteur tardif permet rarement de rentrer des tannins soyeux ; à l’inverse, le secteur de Saint-Christoly était plus planté en merlot alors qu’il convient mieux au cabernet-sauvignon. Fort judicieusement, un programme de restructuration du vignoble est en cours, si la proportion de chaque cépage dans l’encépagement ne va pas varier grandement (50 % cabernet-sauvignon, 40 % merlot, 7 % cabernet franc et 3 % petit verdot), en revanche chacun va retrouver son terroir de prédilection, et aussi des densités de plantation plus conformes aux normes actuelles (9000 pieds par hectare), quand certaines parcelles sont encore plantées à deux mètres entre chaque rang (ce qui représente tout de même huit hectares).
Une nouvelle dynamique
AdVini entre en scène en 2015, et dans la foulée fait appel à Stéphane Derenoncourt pour le suivi technique, en appui de l’équipe en place. Celui-ci apportera également sa touche sur l’assemblage du 2014, aujourd’hui à point. La nouvelle œnologue, Lucie Lauilhé, arrive au tout début des vendanges 2017. La trentaine juste acquise, elle apporte son énergie et sa joie de vivre à un projet ambitieux dans lequel elle va s’investir corps et âme, aux côtés de son maître de chai, Gauthier Pointe. La restructuration du vignoble est déjà bien entamée, trois hectares remodelés chaque année durant cinq ans, avec désormais un suivi parcellaire, les sols sont progressivement travaillés mécaniquement. La vendange se fait toujours en totalité à la machine, mais grâce aux nouveaux moyens alloués, on cueille désormais le raisin en fonction de sa juste maturité et non plus de la disponibilité de la machine.
Évoluer sans se renier
Sans renier ses racines médocaines, Patache d’Aux doit évoluer vers un style plus souple et aimable jeune, sans pour autant perdre sa capacité de garde. Une tâche que mesure pleinement Lucie Lauilhé, à savoir capter les jeunes générations d’amateurs de vins qui n’ont pas la patience d’attendre ou tout simplement une cave dans leur appartement, sans pour autant déplaire à leurs aînés qui avaient pris l’habitude de l’attendre une dizaine d’années. À la dégustation, le vin doit préserver sa trame calcaire plus que graveleuse, ce qui le distingue d’autres crus du secteur. Grâce au nouveau chai et ses petites cuves béton, les assemblages se font ainsi plus précis, préservant jusqu’au bout les identités de chaque type de cépage et de sol. Le grand vin n’en ressort que plus complexe, structuré et élégant, quand le second vin est plus sur la gourmandise et la souplesse, ce que confirment les récentes dégustations. Et au clin d’œil que vous lance Lucie en vous les présentant, on devine que d’autres projets vont voir le jour…
Château Patache D'aux
par Lucie Lauilhé, directrice technique
Dégustation
2016
Il a 2 mois de bouteille.
54 % cabernet-sauvignon, 39 % merlot, 2 % cabernet franc, 5 % petit verdot.
Un fruité gourmand et frais, quelques notes épicées élégantes qui donnent plus de relief en bouche, le toucher est moelleux, raffiné, la finale revient fraîche et légèrement mentholée, ce vin énergique amorce le nouveau style de la propriété et évoluera bien.
> 2031
2015
Carafé dans un très grand verre-carafe durant 2 heures.
46 % cabernet-sauvignon, 41 % merlot, 8 % cabernet franc, 5 % petit verdot.
Le fruité est mûr, rouge et noir, une note boisée plus présente aussi que dans les millésimes précédents. En bouche, l’entame est crémeuse, on retrouve de la sève et surtout un bel enrobage dans le tannin. Encore un peu serré en fin de bouche, il faut patienter mais il évoluera bien dans le style de la propriété.
> 2030
2014
Carafé dans un très grand verre-carafe durant 2 heures.
La nouvelle équipe, et notamment Stéphane Derenoncourt, a revu l’assemblage.
Un équilibre nettement supérieur aux trois millésimes auquel il succède. Sans afficher un grand fruit, la bouche est agréable et bien ronde, on peut gagner en raffinement et en allonge.
> 2022
2013
Début de reflets tuilés. Dans un millésime compliqué, on relève quelques notes exotiques dans le fruité, presque thiolées, la bouche est légère et finit sur un tannin qui n’a pu mûrir complètement. À boire vite.
2012
Carafé dans un très grand verre-carafe durant 2 heures.
Bouche souple, pas une grosse matière dans ce vin léger et déjà en place, le tannin sèche un peu en finale, l’ensemble manque un peu de fruit mais se révèle glissant en bouche. Agréable en mode bistrot.
2010
Nez marqué par les fruits secs, les fruits confits, la cerise mûre, le pruneau, une légère note d’épices douces. En bouche le vin offre une belle sève, de l’harmonie et une finale bien en rondeur, même si le 2016 montre une concentration supérieure.
> 2025