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Un homme et un grand cru

Si l’équation personnelle a quelque valeur pour décrypter la réussite d’un individu, penchons-nous sur Bernard Magrez.
L’homme est de haute stature, large d’épaules, l’accent bordelais légèrement marqué. Il est très exigeant, parfois pressant, un bourreau de travail qui voit le monde à travers ce prisme-là. Tiré à quatre épingles en toutes circonstances, il affiche une curiosité d’un éclectisme rare. Il masque une passion authentique derrière un discours marketing très au point. Il ne conçoit un podium que sur la plus haute marche.
Voyons sa production.
Quarante domaines viticoles – c’est un record – à travers la France et le monde, jusqu’au Japon. Et des centaines de collaborateurs. Des étiquettes très soignées qui laissent la priorité à l’identité du domaine sans jamais omettre la marque-ombrelle, Bernard Magrez est la signature commune. Tous ces vins portent haut les qualités des appellations, des régions, dont ils sont issus, on ne peut pas prétendre qu’il y a un style Magrez ou alors sur la qualité et la recherche de l’amélioration permanente. Ce n’est pas un compliment, c’est un constat : il n’y a pas de bouteille-poubelle dans la gamme Magrez, mais c’est plus facile à accomplir quand on n’est pas impliqué dans la grande diffusion. Très attentif à ce qu’il se passe, il avoue volontiers s’être intéressé aux vins du Roussillon en raison des succès que rencontrait sur cette terre du grand Sud la production d’Hervé Bizeul, l’un des plus petits grands vignerons de France. Bernard Magrez a de l’intérêt pour la réussite.

PC Chai

Et dans le registre « je suis curieux de tout », il applique au reste de ses investissements la même grille de critères, celle qui a régenté toute sa vie. Pour le comprendre, il suffit de l’écouter parler du jeune virtuose à qui il a confié le violon de Stradivarius récemment acquis et baptisé Château Fombrauge, comme c’est la règle pour tout possesseur du divin instrument : « Je n’ai pas choisi un violoniste bordelais, ce n’est pas l’idée du tout. J’ai choisi Mathieu Arama en raison de son talent et de sa détermination. Il veut réussir, ce qui tranche avec pas mal d’artistes. » La volonté au service du talent, tout est dit. Ou presque.
Il vient de se porter acquéreur du premier cru classé de sauternes, Clos Haut-Peyraguey. Ce faisant, il boucle une sorte de programme. Il est le seul à posséder un château dans les quatre grands classements. Pape-Clément (les Graves), La Tour-Carnet (Médoc, classement de 1855), Fombrauge (grand cru classé de Saint-Émilion) et ce sauternes majeur. Pourquoi ? « La renommée de Bordeaux a toujours été faite par les grands crus classés. » Bien sûr, c’est stratégique, dit-il. Une autre fois, il vous expliquera qu’il a choisi, pour des raisons d’argent, de se défaire des petits vins de grande diffusion qui ont fait l’essentiel de sa carrière. Comprendre que « c’est plus facile et beaucoup moins cher de vendre des grands vins que des petits ». En effet, avec un public très ciblé et une distribution des plus sélectives, en quelques actions de promotion haut de gamme, la récolte est vendue.

Un faux-nez pratique à appliquer sur sa vraie motivation, cette passion dévorante pour ces grands crus historiques et admirables qu’il accumule avec une gourmandise très plaisante. Au cours de l’été dernier, voilà que le monde s’émeut de le voir rafler une grosse quinzaine d’oliviers millénaires, au nez et à la barbe de quelque émir du désert. C’est sans doute le seul achat qui n’a pas à proprement parler de justification stratégique. Non, il parle du temps qui passe « une notion plus sensible à partir d’un certain âge. » Ces arbres aux troncs énormes ont été répartis sur les pelouses de ses châteaux, après avoir été datés au carbone 14. Ils ont tous entre 1 000 et 1 800 ans. Chacun a été baptisé du nom du grand homme de l’époque concernée.
Au mois de septembre, il installe trois gros bœufs blancs en provenance d’Ariège, dans les étables restaurées précipitamment du Château Pape-Clément. S’agit-il d’un beau coup de communication ? Sans doute, mais pas seulement, la vraie raison a trait à la poursuite de l’excellence, une course engagée depuis un moment au Château Pape-Clément. Écoutons Bernard Magrez : « Le bœuf est plus léger que le cheval, 200 kilos de moins. C’est important de tasser les sols le moins possible. Autre caractéristique du bœuf, il s’arrête lorsque la charrue rencontre un obstacle, une grosse racine ou même, en cas d’erreur, un cep. Le cheval continue et arrache tout. » Il n’y a que l’heure qui tourne qui soit capable d’arrêter le long monologue de celui qui veut tout expliquer pour tout faire comprendre. Il n’y a pas de secret.

Pape Clément en images

En vidéo

château Pape-Clément par château Pape-Clément

POUR LE PLAISIR DE BOIRE

Propriété historique majeure avant d’être le vin d’un homme, Pape-Clément est à son meilleur depuis 1985-1986, époque de la reprise par Bernard Magrez. C’est une des quelques propriétés bordelaises mythiques, de celles qui symbolisent et résument toutes les qualités que l’amateur recherche dans un grand vin rouge de Bordeaux. Pape-Clément y ajoute une personnalité qui lui est propre. Depuis environ un quart de siècle, Bordeaux n’a jamais produit de meilleurs vins. Il n’y a plus de millésime médiocre et les crus progressent encore. Cette verticale 2009-1988 en fait, une fois de plus, la démonstration éclatante. Pourtant, il y a dans les vins du château Pape-Clément une constance qu’on ne retrouve pas partout. Pape-Clément est avant tout un cru qui donne une définition claire de son terroir. Le caractère truffé et précis du grain, la texture et le soyeux de la chair, c’est l’essence même d’un grand pessac. Combien de propriétés peuvent afficher une telle régularité sur une séquence de vingt-cinq ans ?

Bernard Magrez était un industriel des vins et spiritueux, loin des logiques des grands vins. Cependant, Il a tout de suite compris que Pape-Clément était un grand cru et qu’il fallait le mener comme tel. Peu à peu, il a affiné le processus d’élaboration en soignant les détails à toutes les étapes du process, sans jamais perdre de vue l’objectif de tout propriétaire de grand cru classé : le sommet. Les anglais disent qu’il n’y a pas de grands bordeaux sans grands marchands. Les Américains prétendent qu’il n’y a pas de grands bordeaux sans grands critiques. On s’aperçoit surtout qu’il n’y a pas de grands bordeaux sans grands propriétaires, administrateurs, actionnaires. Tous les grands bordeaux sont poussés sur le chemin du succès et de l’amélioration permanente par des propriétaires qui y mettent leur passion, leur argent, leur temps et leur capacité à prendre des décisions au bon moment. Bernard Magrez a joué ce rôle pendant les trente dernières années, et le résultat est là. Certes, Il y a des équipes qui ont très bien travaillé, mais surtout il y a un cap qui a été défini et une impulsion qui ne faiblit pas.

La dégustation Pape-Clément

Fermé mais non maquillé au nez, notes de fraise au nez et en bouche, de la fraîcheur, tannin franc, bonne persistance, du caractère et de la complexité.

17,5/20

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Riche et serré dans sa texture, avec une vinosité rare dans le millésime, grande suite en bouche, et déjà présentes les notes fumées du terroir.

18/20

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Il frôle la perfection. C’est un monstre qui sait rester élégant et avancer à pas de velours. Le nez est exubérant, racé, superbe de maturité et de concentration, le boisé est à sa place, la bouche massive mais civilisée, grandement fruitée, longue et d’un équilibre irréprochable.Note: 19.0

19/20

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Nez puissant et impérial, grand fruit très mûr, minéralité, épices, boisé harmonieux et bien à sa place, bouche dense, profonde, montrant une belle ossature tannique, une grande vigueur. Très imposant, équilibré, fait pour durer.

18/20

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Vin équilibré, épicé. De la fraîcheur et une belle vivacité à ne pas confondre avec de la minceur. Finesse de tanin, on retrouve une énergie tonique et de la sveltesse.

18/20

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Finesse de tanins, raffinement de toucher. Éclat de fraîcheur qui accompagne une finale magnifique. Vin avec un potentiel de garde phénoménal.

16,5/20

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Caractère épicé, arômes typiques de pessac-léognan, note de truffe. Tanin plus solide que les crus précédents. C’est le premier millésime de cette série qu’on voit entrer dans une seconde phase aromatique avec ce nez de truffe et d’épices.

17,5/20

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Très beau cru, raisins mûrs. Très complet avec de la chair, mais des tanins qui sont sur la fermeté plus que sur l’épanouissement. On peut le laisser longtemps en cave.

18/20

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Vin très réussi, très équilibré. On a le côté épicé, fumé, des arômes de cuir. Vin très joli qui a l’âge d’être bu et qui a de la classe. Qualité et soyeux des tanins. Une chair très élégante.

15/20

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L’année du millenium ne pouvait être que grande. De la finesse, une chair dans l’élégance, des arômes purs, du dynamisme et de la profondeur. On retrouve la pureté du cru. C’est magnifique.

17,5/20

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Ce vin est dans la fin de sa deuxième phase avec des arômes de sous-bois. Il conserve en finale une note de fraîcheur mentholée. Beaucoup de délicatesse, nez complet. C’est un vin pour les grands amateurs, délicieux à table.

NON NOTÉ

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Millésime abondant avec des raisins mûrs, la matière est riche et élégante, subtile et soyeuse, mais on sent une très légère dilution. il y a du volume, du soyeux et une belle qualité de tanins.

NON NOTÉ

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Vin très classique dans ses équilibres, mais un peu austère. On retrouve une qualité de fraîcheur, de tanin, de fruit ainsi qu’une note de champignon. Belle netteté. En finale, cette austérité se transforme en une élégance fine et fruitée.

NON NOTÉ

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Crédits photos : Mathieu Garçon et D.R.