Le concept du « re-lancement » d’anciennes cuvées longuement vieillies dans les caves d’une maison de Champagne est aujourd’hui un exercice partagé par beaucoup. Il affirme la capacité des grands champagnes à vieillir, il démontre parfois la continuité de style et de philosophie de la dite maison, bref, il a toujours une valeur de témoignage. Il est plus rare qu’au-delà de cette dimension intéressante, ces vins en atteignent une autre : celle du pur bonheur.
En créant Cave Privée en 2010, Veuve Clicquot a souhaité jouer sur ses deux couleurs de référence, blanc et rosé, sur deux millésimes différents dans chacune d’elles et dans au minimum deux types de flaconnage, bouteille et magnum. Jéroboam parfois également. La première livraison, il y cinq ans, concernait ainsi les millésimes 1990 et 1980 en blanc, 1989 et 1978 en rosé.
Il y a quelques mois, Veuve Clicquot récidivait donc avec deux Cave Privée blancs, le glorieux 1989 et le plus discret – à l’époque – 1982, et deux Cave Privée rosés, deux millésimes franchement passionnants 1990 et 1979. Réalisés par ses prédécesseurs, Charles Delhaye (créateur du 1979 rosé) et Jacques Peters, préparés et remis aujourd’hui en lumière par l’actuel chef de caves de la Maison, Dominique Demarville, ces vins sont longuement présentés par ce dernier dans la vidéo ci-dessous. Il restait à les déguster, ce que nous avons eu le bonheur de faire avec Michel Bettane. Si l’on considère que les grands vins se jugent toujours au trébuchet de leur capacité à bien vieillir, alors ceux-ci ne sont pas seulement grands, ils sont parfaits. Mais, également, ils expriment tout le sens du travail d’une maison : perpétuer un style, afficher une ligne, poursuivre une philosophie. En rosé autant qu’en blanc, « l’esprit Clicquot » est ici magistralement décrit, association de vinosité et d’ampleur, de finesse et de gourmandise, de complexité aromatique et d’absence d’austérité.
Dominique Demarville, chef de caves
Veuve Clicquot en images
Le domaine
Marque phare de la galaxie LVMH, fondée à Reims en 1772, Veuve Clicquot cultive toujours un style à part, marqué par la forte proportion de pinot noir dans ses assemblages, et sa cuvée vedette, son Brut Carte Jaune à l’étiquette si reconnaissable. Le compétent et innovant Dominique Demarville, chef de caves depuis 2006, a largement hissé d’un cran encore la sélection et la précision des assemblages, révolutionnant en parallèle le travail des sols dans les vignes, avec des vignes enherbées un rang sur deux, et même quelques essais en agriculture biologique.
Après quelques années intermédiaires, Veuve Clicquot est redevenue LA grande marque pour amateurs exigeants : du Carte Jaune qui a retrouvé vigueur et énergie sans perdre sa finesse, aux éblouissants représentants du millésime 2004, à la surfine La Grande Dame et intense millésime, en passant par des rosés inoubliables, le bilan est éclatant : à nouveau au sommet !
La Grande Dame vieillissant dans les caves Veuve Clicquot.
Crédit Photo : Stéphane Lavoué, Veuve Clicquot.
Dominique Demarville et les rosés de Veuve Clicquot
Cave Privée by Veuve Clicquot
Les vins
1990
Robe d’un bel or étincelant, nez superbe sur la brioche, des notes de jus de viande et un fin caractère noisetté, corps ample et souple, gras, intense et persistant, superbe allonge.
1989
Robe or pâle, fruit splendide, pain grillé, noisette toastée, moelleux et sec, grande ampleur savoureuse, longueur tendre mais très persistante, bulle précise, évolution mais sans faiblesse oxydative.
1982
Robe dorée, notes noix séchées, finement sherry, beurre miel café. Bouche plus fluide que le 89 mais vivace, droite et précise. Son caractère sec, moins rond que le 89, le porte vraiment à la table, on imagine un beau comté. On joue intelligemment sur l’évolution, il doit y avoir beaucoup de différences entre les formats et le vin dosé d’origine. Une seconde bouteille séduit par sa bulle retrouvée qui donne une plénitude à l’ensemble.
1990
Belle expression du pinot de bouzy, floral coquelicot, brillante allonge, équilibre magnifique, fraîcheur et éclat, grande émotion tactile.
1989
Bel or vieux rose, nez sans exubérance, bouche svelte, profonde, insinuante, un grand champagne de table, pour un gibier à plume par exemple.
1979
Une des années généreuse de la fin des années soixante-dix (11 000kg/ha), démarrée début octobre (9,9°, 8 grammes d’acidité). Fraicheur délicate, onctuosité raffinée, délicatesse ultime, floral raffiné, allonge tendre et persistante. La perfection du rosé champenois, tant par sa maturité et sa plénitude que par sa gourmandise aérienne.
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