Hectares
Grands Crus en propriété
Premiers Crus en propriété
cépage (chardonnay)

Un domaine qui a marqué l’histoire de Chablis

Laroche, c’est un nom qui compte à Chablis. Le patronyme y est d’ailleurs fréquent, sans que les familles soient liées pour autant, mais il n’y a qu’un seul Domaine Laroche. Installé au cœur du vieux Chablis, dans des bâtiments érigés par les moines de Saint-Martin de Tours, le site est riche de sa patine historique. Les plus vieilles caves encore utilisées aujourd’hui, ainsi que la crypte, furent creusées au IXe siècle, le reste des bâtiments date du XIIIe siècle. Longtemps conservées sur place, les reliques de Saint-Martin (316-397) ont depuis longtemps laissé place à des pièces et autres demi-muids.
Créée en 1850, l’entreprise compte aujourd’hui l’un des plus vastes vignobles de l’appellation, un peu plus de 91 hectares en propriété, dont 3 grands crus (Blanchots, Les Clos et Bouguerots) et 7 premiers crus (Fourchaumes, Montmains, Vaillons, Côte de Léchet, Vaudeveys, Beauroys et Fourneaux), mais au total, 10 premiers crus ont été vinifiés si on ajoute les achats complémentaires. Présente dans les principaux terroirs, Laroche fait ainsi partie du cercle très restreint des acteurs en proposant une vision aussi fidèle qu’exhaustive.
Le patrimoine n’est pas seulement viticole : ainsi, le monumental pressoir à double abattage, construit au XIIIe siècle. Il n’en reste que deux de cette taille et de cette époque, l’autre est au Château du Clos de Vougeot. Savoir qu’il continue de fonctionner chaque année, même de façon symbolique, force le respect et vous replonge instantanément à l’époque des moines.
Autre singularité, Laroche est l’un des rares domaines de Chablis à posséder une véritable œnothèque. Si quelques domaines ont mis au fil des générations quelques flacons de côté, Michel Laroche a dès 1976 conservé la plupart de ses grands vins, et souvent en grands contenants, ce qui permet aujourd’hui de déguster des verticales sur plusieurs crus. Un patrimoine rare pour une appellation qui n’a découvert l’intérêt à la garde de ses vins qu’au tournant des années 1990.

Installé au cœur du village, l’Obédiencerie, ancien monastère de Chablis.

DISTRIBUTION

_____________ France
20%
Export
80%

RAISINS

Propriété
40%
Apports
60%

RÉSEAUX

restauration et hôtellerie

Commerce de détaimlm

Marchés export spécifiques

VPC et Boutique à Chablis

Laroche1
Le vignoble du domaine Laroche à Chablis

Enfin, Laroche, c’est aussi la première cuvée spéciale produite à Chablis : la réserve-de-l’obédience (les initiés disent « l’obé »), en hommage aux moines venus s’établir il y a plus de 1000 ans pour fuir les invasions normandes. Issue d’une sélection à la dégustation et non d’une parcelle en particulier (il s’agit d’un blanchots, bien entendu, mais Laroche y est le principal exploitant donc les cuvées sont nombreuses), cette cuvée a vu le jour avec le millésime 1991. Chaque année, ce sont 3000 bouteilles qui sont produites, jamais plus. Une exception et demie, en près d’un quart de siècle : la cuvée n’a pas vu le jour en 2001 (l’écart avec l’autre cuvée de blanchots n’étant pas significatif, le millésime avait été compliqué il faut bien l’avouer).

En 2013 seulement 1500 bouteilles ont été tirées afin de rester au plus haut niveau possible. Régulièrement au sommet, la cuvée a encore franchi un palier dans ses derniers tirages (cf. notre verticale).
Enfin, la réputation du domaine a depuis longtemps dépassé les rives du Serein. Qu’a-t-on bu lorsque la reine Élisabeth II et le président de la République François Mitterrand ont officiellement inauguré le tunnel sous la Manche, en 1994 ? Du Laroche ! C’était un blanchots 1989.

Grégory Viennois pour la direction technique, avec les conseils avisés de Stéphane Derenoncourt, Stéphane Barras pour toute la partie cave, Clément Grison, qui vient d’arriver, pour la gestion du vignoble, Sandrine Audegond, responsable des circuits de prescription.

Autre singularité, Laroche est l’un des rares domaines de Chablis à posséder une œnothèque.

De Michel Laroche à Domaine Laroche

Les plus grandes écoles de commerce s’inspirent de la vie réelle des entreprises pour leurs études de cas, peut-être s’inspireront-elles un jour du « cas Laroche », ou comment un homme à l’origine du développement international de l’entreprise qui porte son nom a su transmettre celle-ci à une nouvelle génération de managers qui ont su la faire évoluer encore. Reprenons les éléments dans l’ordre chronologique.
Pendant plus de quarante années, Michel Laroche, l’homme, développe sans relâche et avec un sens du marketing rare dans le vignoble, la belle entreprise qui porte son nom, prénom inclus. Michel Laroche est alors l’un des domaines phare du Chablisien, jusqu’à atteindre une centaine d’hectares en exploitation, complétés par une activité de négoce en achat de raisin. La quantité, certes, mais aussi la qualité, saluée depuis longtemps par la critique, française et internationale. Un succès qui pousse à s’étendre, ce sera d’abord le Languedoc, puis l’Afrique du Sud et enfin le Chili. Tous les projets et vignobles du groupe se rattachaient à l’homme qui les avaient développés. Anticipation ou intuition visionnaire ? Michel Laroche a dès 2005 renoncé à mettre en avant son prénom, transformant la structure en « Domaine Laroche ».

Nouvelle ère, nouveaux visages

En 2009, lorsque Michel Laroche et la famille Jeanjean décident de fusionner leurs entités respectives pour donner naissance à AdVini, tous les éléments sont déjà en place pour une transition en douceur. Michel Laroche passe le relai à Thierry Bellicaud, avant de se retirer pour reprendre quelques vignes familiales et lancer un nouveau projet, le domaine d’Henri, toujours sur Chablis (à noter que le nom « Laroche » n’apparaît plus dans cette nouvelle entité, ce qui permet d’éviter toute confusion auprès des marchés). Nommé directeur du groupe Laroche, Thierry Bellicaud met alors en place une nouvelle équipe, en prenant bien soin de laisser à chaque pôle (Chablis, Languedoc) une grande autonomie, avec des équipes dédiées. Et c’est peut-être là l’une des premières décisions visibles pour les observateurs externes à l’entreprise, avec cette équipe mise en place de nouveaux visages sont régulièrement mis en avant. Désormais, l’entreprise n’est plus incarnée par un seul homme, du moins en extérieur, mais par plusieurs visages : Grégory Viennois pour la direction technique, avec les conseils avisés de Stéphane Derenoncourt, Stéphane Barras pour toute la partie cave, Clément Grison, qui vient d’arriver, pour la gestion du vignoble et Sandrine Audegond, que les fidèles du Grand Tasting connaissent bien…
Aujourd’hui, le groupe s’articule autour de ses deux entités prioritaires, Domaine Laroche à Chablis et Mas La Chevalière dans le Languedoc, les vignobles de l’hémisphère sud n’étant pas considérés comme stratégiques, même si ponctuellement ils peuvent insérer quelques vins en complément dans la gamme. Autour de ces deux nouveaux axes forts, de nouveaux visages expriment la nouvelle ère de cette entreprise. Un travail en équipes, tel est le message.

Thierry Bellicaud (à gauche) et Grégory-Viennois (à droite).

Secrets de fabrication

Grégory-Viennois
directeur technique

Grégory Viennois, lorsqu’AdVini est né de la fusion de Laroche et de Jeanjean, Stéphane Derenoncourt a été appelé comme conseil technique, on en avait parlé à l’époque dans nos colonnes. Est-ce toujours le cas ? Comment travaillez-vous ensemble ?

Bien sûr, Stéphane Derenoncourt est toujours là, Julien Lavenu (son associé, NDLR) aussi, ils viennent ici régulièrement. C’est important, par rapport à notre démarche, d’avoir un recul, notamment en viticulture, cela nous permet d’avoir une vision extérieure sur nos vins, de ne pas tomber dans la routine. Oui, on continue d’améliorer les choses, continuellement, on connaît l’ensemble des points clefs, maintenant on fait des réglages. Avec Stéphane, c’est aussi une aventure humaine, puisque j’ai débuté ma carrière avec lui. Il fait partie de ma construction professionnelle, on pourrait dire qu’il y a une idée de compagnonnage avec lui, comme autrefois. Donc tout se fait en bonne intelligence.

Dans quel état était le vignoble à votre arrivée ? Comment en êtes-vous arrivé à miser plus sur le parcellaire ?

Le vignoble était bien tenu, soigné, il fallait simplement aller un peu plus loin dans le détail, dans les interventions manuelles. L’une de mes premières actions a été de faire le tour des vignes, c’est la base de notre métier, de l’observation avant tout. J’ai très vite compris l’énorme potentiel en termes de diversités (de climats, de sols), et j’ai découvert une appellation plus complexe que je ne le pensais. J’ai découvert des vins avec des équilibres superbes, des textures, différents calcaires, différentes pentes ou expositions, différents vents dominants, différentes vallées, une architecture polymorphe et complexe. Le parcellaire, c’est le premier maillon de la chaîne. J’ai identifié près d’une centaine de parcelles sur le domaine, dont pas moins de sept rien que sur les Blanchots. Pour mieux comprendre encore, j’ai d’ailleurs été goûter les vins des différents confrères.

Une fois appréhendées les différentes parcelles du domaine, je crois que vous avez engagé un ambitieux programme de replantation…

Oui, tout à fait, plusieurs chantiers sont déjà en cours. On a mis en place un programme d’arrachage et de replantation de 2 hectares chaque année, ce qui est tout à fait normal compte tenu de la vaste étendue du vignoble, cela va nous occuper pour les 20 années qui viennent au moins. Il faut assurer le renouvellement sans attendre que la situation devienne critique : l’objectif d’âge moyen est de 45-50 ans, mais on garde aussi des vieilles vignes de 70 ans sur les Fourchaumes ! C’est aussi pour cette raison qu’on ne passe plus les machines à vendanger sur les premiers crus, ça secoue les vignes ! Grâce au travail des équipes précédentes, Laroche a la chance d’avoir un vignoble assez âgé, même en Chablis (10-50 ans), cela nous permet de faire nos propres sélections massales, de préserver ainsi l’héritage du domaine.
Par exemples sur Blanchots, on a arraché une parcelle de 50 ares en 2012, elle est aujourd’hui en repos, on la plantera en 2016, c’est très important cette période de repos de 3 ans même si cela a un coût. Sur les Clos, on réfléchit à arracher 25 ares après la récolte 2015. En Chablis (village, NDLR), on a déjà fait un énorme travail de complantation, de remplacement dans les vignes, et on commence un programme de replantation et d’arrachage. Dorénavant, on replante à 10 000 pieds hectares, contre 6600 avant. Ainsi, on use moins la vigne tout en améliorant le ratio pulpe/peau, avec des peaux plus épaisses et plus de structure.

Cette prise en compte du parcellaire a-t-elle modifié la manière de vendanger et de réceptionner le raisin ?

Une fois passé tout ce temps dans les vignes, on ne pouvait pas, dans la chaîne de valeur, ne pas accorder plus de soins aux premiers et grands crus. J’ai donc décidé que tous les premiers crus et grands crus seraient faits à la main, alors qu’avant seuls les grands crus l’étaient, il nous fallait aller plus loin. Notre expertise sur les grands crus nous permet même d’affiner le travail sur les chablis, puisqu’aujourd’hui on commence à vendanger certaines parcelles de chablis village à la main.
L’un de nos tout premiers chantiers, dès 2011, a été d’investir sur la réception de vendange. On a acheté des tables de tri vibrantes, de nouveaux pressoirs, mais aussi plusieurs petites cuves inox thermorégulées de 15/20/30/40 hectolitres, pour séparer la moindre petite parcelle en débourbage, en vinification, et pour finir les élevages. Ainsi, grâce aux tailles des nouveaux pressoirs et aux petites cuves, nous pouvons désormais séparer toutes les parcelles (par exemple le Butteaux du Montmains, les différents Blanchots, etc.).

Quelle est votre conception de la maturité pour le raisin ? Avez-vous changé quelque chose quant au choix de la date de vendanges ?

On vendange quand la parcelle nous semble correcte, on goûte la pulpe et les peaux. Pour répondre à la question, on vendange peut-être un peu moins mûr que par le passé. Quand on goute un raisin déjà très aromatique, il est sans doute déjà trop tard. On décide en fonction de notre point de vue et de nos parcelles, pas de ce que font les autres vignerons du Chablisien, comme ça se fait souvent. Ainsi, il m’arrive de changer de date de vendange deux fois par jour. Évidemment, pour faire ça, et c’est un point très important, il faut avoir une équipe de vendangeurs conséquente, afin d’accélérer et freiner comme on le souhaite. Hors permanents de l’équipe et membres de l’encadrement, nous faisons appel à près de 80 vendangeurs, ce qui nous permet de ramasser à la main plus de 30 hectares en deux semaines. On ne vendange pas trop vite non plus, on cueille al dente…

Cela doit avoir des conséquences sur le pressurage et l’extraction des différents composants du raisin ?

Vendanger à la main permet d’avoir des raisins entiers, sans trituration et comme il n’y a pas de libération de jus comme avec une machine, ça arrive en cuverie sans soufre. Notre nouvelle réception de vendange nous permet de déposer des raisins entiers dans le pressoir. Les jus que l’on récupère sont turbides, certes, mais avec de belles bourbes, donc nous n’avons pas besoin d’enzymer, ça se dépose lentement. Pour moi, c’est une énorme différence dans le process par rapport à la vendange mécanique, qui triture les raisins et rend les bourbes inutilisables. On ne peut pas faire de grands vins de terroir en vendangeant à la machine, ni en enzymant systématiquement et en filtrant stérile à la fin d’ailleurs. Grâce à nos nouveaux petits pressoirs, nous avons pu retravailler tous nos cycles de pressurage. On presse très lentement, à basse pression, sans rebêche, beaucoup moins fort qu’en Champagne par exemple. Contrairement à ce qu’on entend parfois, on peut avoir de l’extraction sur un vin blanc, donc on va chercher un peu le contenu des peaux, des tannins et des éléments minéraux. Je pense que la peau fait partie du marqueur du terroir. La pulpe, c’est un milieu assez simple : eau, sucre, acides organiques. La notion de terroir, on va plus la trouver dans les peaux, c’est ce qui va fournir la signature amère à la finale dans nos vins : dans les vaudeveys, on aura de la craie fraîche, une note iodée, sur les montmains, on aura des amers d’artichaut, de petits tannins. Grâce à cette évolution dans le process au pressurage, et je le redis, permise par des moyens techniques adaptés, les bouches se dessinent de façon plus nette, ce n’est pas seulement de la sensation plus ou moins gras, plus ou moins acide, à la dégustation. Les climats sont signés.

N’étant pas né dans la région, quel regard portez-vous sur le bois en matière de vinification et d’élevage pour les vins de Chablis ?

Tous les premiers crus et les grands crus sont élevés pour partie en cuve, pour partie en fût, avec très peu de bois neuf. Nous utilisons essentiellement de la pièce bourguignonne et des demi-muids. On a plus de demi-muids que par le passé. Pour certains vins, c’est un contenant intéressant qui élève sans apporter trop de goût de bois. Souvent, quand on assemble la partie cuve et la partie bois, l’assemblage est meilleur que les deux parties goûtées isolément.
De mon point de vue, la notion d’élevage est importante, même à Chablis, elle fait partie du vin. Avec trop de bois, on massacre le vin, un chablis n’a pas à être 100 % bois neuf, mais le bois apporte de la complexité, ça affine le vin. On a développé des relations pérennes avec trois ou quatre tonneliers partenaires (notamment Dargaud, Damy ou Stockinger) et on échange beaucoup sur la provenance des bois, le grain des douelles, la chauffe.

Qu’avez-vous changé en termes d’élevage et plus généralement dans la gestion de l’oxygène ?

Au cours de leur élevage en fût, les vins ne sont jamais bâtonnés, de temps en temps on se contente de remettre les lies en suspension. L’un des effets du bâtonnage, c’est d’apporter du gras au vin, en plus de l’oxygène amené en ouvrant la barrique, sans parler du vortex qui va dissoudre de l’oxygène dans le vin en élevage. Comme on ne recherche pas cette prise de gras, au cours de l’élevage, on peut ainsi réduire au minimum les doses de soufre. À l’été suivant la vendange, on assemble les parties élevées en fût avec celles conservées en cuve inox. Les vins sont très peu manipulés, ils sont encore riches en CO2 issu de la fermentation, ce qui va permettre au vin de lentement se minéraliser, on peut alors le préparer à sa mise en bouteille.
Dès 2011, on a diminué de 40 % les doses de soufre total. La maîtrise de l’oxygène est importante : parfois il faut protéger le vin afin qu’il n’ait pas trop d’oxygène à consommer rapidement, parfois au contraire il a besoin d’oxygène, tout est question de phases et il faut savoir les observer. L’idée n’est pas de surprotéger le vin, on presse sous régime oxydatif (et pas sous gaz inerte !), on préfère que ça casse dès le début, le cas échéant. Quand on transfère le vin d’un récipient à un autre, on le protège, pareil à la mise, où on utilise un gaz inerte pour rincer les bouteilles, ce qui nous permet de doser plus faiblement en SO2 par la suite. Si l’on veut des vins avec un potentiel de vieillissement, il faut être vigilant tout au long du process.

Peut-on faire un point sur votre démarche environnementale ? Je crois que vous préférez parler d’agriculture « durable » plutôt que « bio » ?

Au-delà de la viticulture, on a essayé de retrouver de la cohérence dans les sols, d’avoir des belles structures aérées et grumeleuses, on a été un peu plus loin que par le passé. En viticulture, quand on passe avec des engins (des gros tracteurs), on tasse, ce n’est pas parce qu’on griffe qu’on ne tasse pas. Moi, je préfère rationaliser les interventions, et c’est là que l’approche durable est intéressante, c’est une approche globale. Quand on traite 15 fois par an, même en étant labellisé bio, je ne pense pas que ce soit bon. L’agrobiologie, ça me séduit parce que ça permet d’être modéré : on peut combiner l’empirisme, la recherche et le développement.
Nous sommes conscients que l’on peut encore réduire notre impact sur l’environnement, donc pour ça il faut tout mesurer : nos rejets, nos consommations de carburant et d’eau, jusqu’à la mise en bouteille. Nous améliorons nos gestes en permanence, le but est de savoir ce que l’on fait, pas de zéro consommer. Par exemple, pour nos chauffeurs (de tracteur par exemple), nous leur apprenons à avoir une conduite efficace, plus économe en énergie. Lors de la mise, on a remplacé le rinçage des bouteilles, qui était fait à l’eau, par un gaz : ainsi on met moins de soufre ensuite car on est sous gaz inerte, on met moins d’intrant et on ne gâche pas d’eau, c’est juste ce que l’on recherche.
Le développement durable, c’est aussi la performance économique du domaine, il ne faut jamais perdre de vue que chez Laroche on ne fait pas vivre une seule famille, mais 80 (vignerons, cavistes, personnel administratif, etc.), sans parler des fournisseurs de raisin. Nous devons donc trouver un système de viticulture pérenne, responsable et intégré. Aujourd’hui, il est acquis que nous n’irons plus vers une certification (de type bio, NDLR), mais on a conservé l’approche organique, l’approche agrobiologique du domaine est globale.
L’état des sols, la consommation, tout est mesuré, et pour nous c’est essentiel. Nos composts sont bios. On n’utilise pas de désherbants et on ne veut pas en utiliser, donc on travaille les sols. Pour limiter leur compaction et l’asphyxie des sols, on laisse de l’herbe sur les rangs de passage, et on emploie des tracteurs moins lourds. On limite de façon rationnelle le nombre de traitements, je me répète. Après les vendanges, on sème du blé ou de l’orge, leurs racines permettent de décompacter le sol. On ne fait pas de labours trop profonds pour ne pas perturber les horizons (la profondeur des sols). Si on trouve la bonne fertilisation pour la vigne, on assure la quantité récoltée, donc la pérennité économique du domaine, tout en se protégeant des maladies ! Un bon chablis n’a pas besoin d’être produit à 10 hl/ha. Ainsi tout est logique, il n’y a pas de révolution.

Laroche en images

« exprimer la personnalité de chaque terroir »

Le domaine Laroche vu des coteaux de Chablis

Laroche par Laroche

Les crus en dégustation

Pour comprendre l’évolution, ou pas, dans le style des vins du domaine, nous avons réalisé 7 mini-verticales des derniers millésimes, dans les crus Vaudevey, Beauroys, Vaillons, Fourchaumes, Blanchots et Clos, sans oublier la fameuse cuvée spéciale de blanchots réserve-de-l’obédience.
La dégustation a eu lieu le mardi 27 janvier 2015, au domaine.
Tous les crus ont été dégustés dans les millésimes 2010, 2011, 2012. Pour certains, un ou deux millésimes plus anciens ont été ajoutés. Afin de les resituer, rappelons que 2010 fut un millésime de transition, débuté par l’équipe sortante et achevé par l’équipe arrivante, 2011 est le premier millésime intégralement maîtrisé, dès les travaux d’hiver à la vigne, par la nouvelle équipe constituée autour de Grégory Viennois.

Chablis 1er cru Les Vaudevey

 

Les Vaudevey sont l’un des beaux premiers crus les plus méconnus de l’appellation, peut-être parce qu’historiquement les vignerons de Chablis privilégiaient les terroirs de leur commune, quand Les Vaudevey sont un peu à l’écart. Toujours est-il qu’il s’agit d’un des terroirs emblématiques du domaine Laroche, un terroir assez tardif au vu des dates de vendange. Par exemple en 2011, où ce fut la dernière vigne ramassée.
L’éclat et l’équilibre particulier relevé sur le millésime 2011, pourtant pas réputé pour sa nervosité, s’explique entre autre par le passage à la vendange manuelle par rapport au millésime précédent, mais aussi par un travail basé sur la réduction, en élevage.

2012

Nez empreint d’une grande pureté, avec une note légèrement vanillée qui pourrait venir de la fûtaille, mais d’une belle élégance. Bouche aérienne, légère, qui prend bien son envol et signe le caractère cristallin et droit du terroir. Accessible jeune mais de bon potentiel à la garde. Il gagne à l’ouverture.

À boire jusqu’en 2027

2011

Nez plus net, marqué par des nuances racinaires, une note de céleri. Le côté très « froid » des calcaires se ressent bien, avec une belle restitution minérale, avec des amers en fin de bouche. Seule la finale peut encore gagner en élégance et en longueur, mais on ressent un changement de style évident. Il y a de l’éclat et de l’équilibre, dans un millésime qui pourtant ne brille pas souvent par son acidité.

À boire jusqu’en 2021.

2010

Nez légèrement beurré, sous-bois, des notes de haute maturité (pâte d’abricot, mandarine très mûre), riche, belle tension, massif plus qu’élégant. On a depuis gagné en pureté aromatique.

À boire jusqu’en 2020.

Chablis 1er cru Les Beauroys

 

Les Beauroys est un joli premier cru de Chablis, qui jouit d’une évidente réputation historique, son nom n’est pas dû au hasard. Sa mise en avant chez Laroche est récente, mais le cru le mérite, car bien maîtrisées la maturité du fruit et la fraîcheur minérale offrent un équilibre splendide.

2012

Nez discret, élégant, le fruité est mûr et frais (abricot frais), la bouche offre une tenue plus homogène que le 2011, nette et élancée, avec une superbe fraîcheur finale, harmonieuse et pure.

À boire jusqu’en 2027

2011

Nuance grillée fumée au nez, c’est une minéralité de sol et non une expression de fût, noix de muscade, l’attaque montre puissance et richesse mais on manque un peu d’harmonie et d’équilibre, l’expression en bouche n’est pas parfaitement homogène. Dans la tenue de bouche, le 2010 est plus cohérent, d’un bloc.

À boire jusqu’en 2021

2010

Nez puissant, assez mûr, citron confit, gingembre, fleurs séchées. La bouche est sur le même registre, on croque dans un fruit jaune (pêche) juteux, la fin est un peu abrupte, on peut rêver de plus d’élégance pour le cru. Belle définition de l’origine, on reconnaît bien le climat, de beaux amers (plus que sur le vaudevey).

À boire jusqu’en 2020

Chablis 1er cru Les Vaillons Vieilles Vignes

 

Sur la rive gauche du Serein, Les Vaillons est un premier cru où les raisins peuvent mûrir très vite pour qui n’y prend pas garde, et les arômes virent vite sur un fruité abricoté un peu lourd, voire un fruité exotique. Si le 2010 a peut-être eu un défaut de conservation, le 2011 et surtout le 2012 montrent toute la beauté de ce cru, qui peut donner des parfums élégants et fins, avec de beaux touchers de bouche.

2012 (bouchon liège)

Le nez est beaucoup plus sur la réduction que le 2011, la cuve a fermenté très lentement et les arômes de pierre-à-fusil sont fréquents dans le millésime. Expression fumée et minérale en bouche, grand caractère, puissant, bel avenir mais pas encore prêt. Splendide.

À boire de 2017 à 2027

2011 (capsule à vis)

La pureté du nez tranche avec 2010. Une pureté que l’on retrouve en bouche, nette et élancée, l’ensemble est frais et désaltérant, avec un fruité frais et gourmand sans note de surmaturation comme trop souvent sur le cru. Finale pleine de saveurs, légèrement épicée, rafraîchissante.

À boire jusqu’en 2026

2010 (capsule à vis)

Le nez n’affiche pas une grande pureté, sans doute une surmaturité qui l’alourdit (caramel au lait, ananas). En bouche, les amers ne sont pas très nobles, c’est un peu court, bref un manque évident de plaisir. Et on ne peut accuser le bouchon dans ce cas !

Chablis 1er cru Les Fourchaumes Vieilles Vignes

 

De nombreux opérateurs proposent Les Fourchaumes, avec des interprétations très variées car le cru est très étendu, et aussi parce qu’entre les vendeurs de raisin en vrac, les coopérateurs et les domaines, les styles vont varier. Si le 2011 montre le sérieux du travail de la nouvelle équipe, le 2012 y ajoute la dimension supplémentaire du beau millésime. Le 2005 rappelle la bonne évolution dans le temps pour ce vin de belle densité en bouche.

2012 

Une note de réduction agréable, kumquat confit, cédrat, une bouche taillée dans le bloc calcaire, énergique, dense, serrée, tonique. Quel élan ! Splendide.

À boire jusqu’en 2027

2011 (capsule à vis)

Une fine note grillée au nez, bouche ronde et charnue, savoureux, équilibré, les vieilles vignes donnent un jus parfumé mais la fin de bouche gourmande signe le millésime, on manque un peu d’énergie. On aime son charme. Il gagne à l’aération.

À boire jusqu’en 2021

2010 

Pas extrêmement long, et il évolue un peu vite, dans ses arômes comme dans sa couleur. Un peu décevant quand on connaît le potentiel du cru.

À boire jusqu’en 2020

2005 (capsule à vis)

Nez riche, puissant, de beaux amers en bouche pour ce vin élancé qui donne toute sa mesure à table. Splendide, généreux, avec une fin de bouche légèrement tannique.

À boire jusqu’en 2020

Chablis grand cru Les Blanchots

 

Le plus à l’est de tous les grands crus, avec une forte pente dans le bas du coteau, et des sols de marne blanche et grise caractéristiques (d’où son nom). Un blanchot offre souvent un fruité blanc concentré mais fin, des nuances racinaires élégantes (gingembre, radis), et surtout un toucher délicat et légèrement poudré. Laroche est le plus important propriétaire de ce petit grand cru (« petit » par la superficie), avec 4,56 hectares, ce qui lui permet d’en faire une sélection poussée, dès cette cuvée mais encore plus pour la fameuse réserve-de-l’obédience. À l’exception du 2005 qui visiblement n’était pas en forme sur la bouteille présentée, on voit que le cru reste l’un des grands savoir-faire de la maison, hier comme aujourd’hui. C’est toujours plus facile quand on possède près de la moitié du cru.

2012 

Nuance racinaire, radis noir, bien en place. Nez d’une belle pureté, bouche élégante et élancée, quelle classe ! Complet, élégant, c’est un festival !

À boire jusqu’en 2032

2011 

Beaux parfums de fleurs séchées, bouche serrée mais sans l’élan ni l’énergie du 2010, il évoluera un peu plus vite, jolies nuances finement épicées en fin (gingembre confit). Le 2012 a une énergie incomparablement supérieure.

À boire jusqu’en 2021

2010 

Robe très claire. Joli nez de fruits frais, élancé, élégant, pur, une belle réserve d’acidité encore en bouche pour ce vin encore un peu trop jeune, à la finale serrée et vive, très citronnée.

À boire de 2018 à 2030

2005

Robe légèrement dorée. Nez cuit, c’est un peu lourd, une note de foin et de miel, ça manque de nerf. La bouteille était ouverte depuis plus d’une heure, donc le vin a eu tout le temps de respirer. Le problème est ailleurs visiblement.

1997

Robe plus claire que le 2005 ! Nez porté par les zestes d’agrumes (citron confit), élégant, fin, bouche harmonieuse avec toujours ce registre fruité pur, il est aujourd’hui à point mais évoluera favorablement. Équilibre magnifique, la texture en bouche est racée. Le 2012 lui est et lui restera légèrement supérieur, mais il s’agit là de deux très grands vins !

À boire jusqu’en 2027

Chablis grand cru La Réserve de l’Obédience

 

La réserve-de-l’obédience est issue d’une sélection extrêmement poussée du grand cru Les Blanchots, qui est lui-même sévèrement sélectionné. Il s’agit donc d’une construction par assemblage, et non d’une sélection parcellaire, la cuvée est bâtie sur un équilibre supérieur, en tension, en verticalité, en allonge. Les deux derniers tirages sont impressionnants de maîtrise, même si l’écart en vin jeune a tendance à se resserrer avec l’autre Blanchots, du fait de la grande progression de ce dernier. D’autant que la réserve n’est pas une « super cuvée », elle n’est pas plus boisée ni élevée plus longtemps, il s’agit simplement d’un travail de sélection et d’assemblage de vins ayant plus de profondeur et de potentiel, des éléments qui ne s’affirment pleinement qu’avec un peu de bouteille.

2012

Nez minéral, légèrement sur la réduction, poudre à canon, à ce stade l’écart avec l’autre blanchots n’est pas encore très marqué, un peu plus de densité peut-être mais aujourd’hui moins gourmand que son petit frère. Attendre patiemment. On sera récompensé, car le jus est magnifique.

À boire de 2020 à 2030

2011

Puissant, fruité blanc concentré et riche, élégant, encore un peu massif mais de la concentration et une vraie finesse dans le toucher, bel avenir.

À boire jusqu’en 2031

2010 (capsule à vis)

Miel fin (miel de châtaignier), droit, vif, grande réserve, encore très jeune, son acidité n’est pas encore fondue, mais on retrouve bien la trame calcaire du cru.

À boire de 2020 à 2030

Chablis grand cru Les Clos

 

À partir du millésime 2012, l’évolution de style s’affirme, portée par un élevage réductif plus prononcé, une minéralité accrue, une expression toute en énergie. Les-clos et la réserve en blanchots pourront s’affronter sereinement sur le long terme dans les millésimes qui viennent.

2012

Une très légère réduction qui marque le changement de style du domaine, on retrouve cette légère réduction austère et fumée-grillée sur la plupart des 2012. Gros extrait sec, dense, compact et bien tendu, grand avenir, il rivalisera avec la réserve même si cette dernière lui semble légèrement supérieure.

À boire de 2020 à 2040

2011

La sélection s’est resserrée, ne portant que sur les vignes du haut des Clos, alors qu’en 2010 l’ensemble des parcelles avait été retenu. Large, ample, jus délié et savoureux, toucher élégant avec un resserrement progressif en fin, classe et race. Il est supérieur à 2010 par son naturel et son élégance.

À boire jusqu’en 2031

2010

Une première bouteille bouchée liège, avec une amertume dérangeante. Une seconde bouchée vis, parfaite. Jus pur et délié, belle texture grasse en bouche, gourmand, rond, complet, harmonieux, il est déjà prêt.

À boire jusqu’en 2025

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