date probable du prochain classement saint-émilion
hectares
pieds/ha, densité de plantation
bouteilles par an

Loin du monde au milieu de ses 32 hectares de vignes, seuls quelques beaux arbres viennent ceindre un jardin attenant à la maison, noble mais sans ostentation. Bienvenue dans la résidence d’été des chanoines de Saint-Emilion. Il ne reste pas grand-chose de cet héritage religieux, si ce n’est une petite chapelle où un amateur de grands crus chinois fortuné est venu récemment se marier.

La vigne est enracinée à flanc de coteaux depuis le Moyen Âge. Le merlot s’affirme comme le cépage dominant à 85 %, avec 10 % de cabernet franc et 5 % de cabernet-sauvignon. Une répartition classique pour la Rive droite et bien adaptée au terroir argilo-calcaire. Jean-Marc Dulong est fier de pouvoir en arpenter les terres de sa longue foulée (il mesure 1,94 mètre). « Je suis la cinquième génération d’une famille de négociants installée à Bordeaux depuis 1873 et mes grands-parents s’étaient toujours refusés à devenir viticulteurs. Le négoce et la vigne ont longtemps fait chambre à part, explique-t-il, mais aujourd’hui les deux activités sont de plus en plus intégrées. »

Seb.Villenave©TD
Sébastien Villenave, responsable de Château Cantin

L’un des fleurons de la Famille Helfrich

Acheter un vignoble n’était donc pas à l’ordre du jour. Au prix de l’hectare pour un Grand cru à Saint Emilion ,l’investissement était trop lourd. Jusqu’à ce que la vénérable maison soit absorbée en 2006 par Joseph Helfrich PDG du  groupe les Grands Chais de France, à la faveur d’une restructuration de son capital. Deux ans plus tard, le groupe GCF acquiert le Château Cantin, qui est désormais l’un des fleurons de leur portefeuille de châteaux bordelais. « Aux côtés du Château La Fortune à Margaux, du Château du Cartillon en Haut-Médoc et du Clos Beauregard à Pomerol, détaille le dynamique directeur du développement, soit au total une quinzaine de domaines. »

A 61 ans, Jean-Marc Dulong mène ainsi une nouvelle vie, toujours un pied dans le négoce et un autre dans le vignoble. Avec l’aide de ses collaborateurs, qui vantent les vertus de l’agriculture raisonnée :

« Il s’agit d’anticiper, de faire preuve de juste mesure et de réduire les intrants à juste ce qu’il faut et quand il faut, précise Vincent Cachau, le directeur des châteaux pour Bordeaux. Ces soins commencent par la taille pour bien répartir et exposer la grappe. »

Il a fallu également arracher, ce qui est toujours bon signe, et veut dire que le propriétaire prend les ceps par la racine, comme d’autres le taureau par les cornes. « A Saint-Laurent-des-Combes , nous avons enlevé huit hectares de cabernet-sauvignon, qui ont été remplacés par des merlots », confie Sébastien Villenave, 42 ans, qui est responsable des six châteaux de la Rive droite. En descendant la parcelle avec lui, on constate que le terrain est un peu gras et on imagine aisément tout le bénéfice que les jeunes merlots vont en tirer.

« Tiens, une coccinelle »

La vigne était en fleur le 7 juin et à peine dix jours plus tard, ce sont déjà des petits pois qui se forment sur les futures grappes. « Nous veillons avec soin au rapport feuille-fruit pour que chaque parcelle trouve son point d’équilibre », ajoute-t-il. Entre les rangs, liserons et plus loin coquelicots, fleurissent allègrement, signe que l’on n’abuse pas des désherbants. « Tiens, une coccinelle », s’exclame avec plaisir celui qui est né à Libourne, avant de tomber dans le vin en faisant les vendanges à Saint-Laurent-des-Combles, alors qu’il était lycéen. Pour un peu, on pourrait croire que les viticulteurs se mettent maintenant à semer des « bêtes à bon Dieu » afin de montrer leur bonne foi !

Après avoir remis à plat le vignoble, il reste à revoir le cuvier, encore encombré de vieilles cuves au béton fissuré. Elles ne servent plus et l’inox les a déjà remplacées.

Le second vin, Vieux-Château-des-Combes, qui représente environ un tiers de la récolte, y est logé. Le premier vin, lui, a droit à un élevage de douze mois en barriques. Avec 60 % de fûts neufs et 40 % en barriques d’un vin. « Nous prenons surtout des tonneliers bourguignons, pour la finesse », souligne Sébastien Villenave. L’objectif et le cahier des charges profil du vin nous permettent de sélectionner les meilleurs tonneliers de différentes forêts de Tronçais ou de la Nièvre les mieux adaptés à la qualité du vin et au terroir

Château Cantin en images

L’influence de Michel Rolland

On sent que Michel Rolland a, depuis 2011, mis son œil et sa patte à Château Cantin. L’un est aiguisé et l’autre de velours, mais le rôle de l’œnologue star qui exerce son influence sur les deux rives de Bordeaux et bien au-delà jusque dans les deux hémisphères, ne se limite pas à faire l’assemblage ou à choisir le degré de chauffe des barriques. Sa mission est stratégique et quand il s’agira de revoir le classement de Saint-Emilion, son expertise pèsera bien évidemment dans la balance. Sans vouloir préjuger de l’indépendance du jury et de l’autorité de l’Inao (Institut National des Appellations d’Origine), il y a le vin qui est présenté et ceux qui présentent le dossier.

Le vin marche sur deux jambes et il en a toujours été ainsi. Même si le critère principal reste la dégustation. A voir le chai, où reposent 340 barriques bien alignées et maintenues à 16 degrés, la maison est tenue. Le 2010 était déjà très réussi et les millésimes suivants sont en constante amélioration. « Notre ambition est claire pour Château Cantin, nous souhaitons monter d’un cran », rappelle Jean-Marc Dulong. Ignorés par le classement de 1855, les vins de Saint-Emilion ont pris six fois leur revanche depuis. Ils ont inventé en 1954 le classement à géométrie variable, dont la révision décennale a l’immense mérite de redistribuer les cartes. La dernière date de 2012 mais il était encore trop tôt pour pouvoir prétendre faire bouger les lignes.

Entre temps, l’outsider est devenu un véritable challenger. Les rendements sont raisonnables, 43 hectolitres par hectare en 2014 pour un plafond fixé à 50 hectolitres, ce qui laisse une marge de progression. Bref, Château Cantin est bien parti pour devenir en 2022 le 65e Grand Cru Classé de Saint-Emilion.

Michel Rolland, oenologue

Château Cantin en pleine progression

Les vins

2013

Une pointe d’amertume qui demande à s’affiner, mais vin intense et sérieux.

2011

Tannin élégant, belle finesse profonde, allonge précise et intense. Un joli saint-émilion très équilibré et prêt à boire.

2010

Bien situé sur le plateau de Saint-Christophe des Bardes, cette propriété s’appuie sur un encépagement dominé par le merlot. Le 2010 est réussi : vin gras, long, dense, fruité onctueux.

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